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Feu vert politique pour le projet de missile antichar européen

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Le missile MMP de MBDA,  armature du projet européen BLOS (Crédit: MBDA)

Le missile MMP de MBDA, armature du projet européen BLOS (Crédit: MBDA)


 
La France, la Belgique et Chypre ont signé hier à Helsinki une lettre d’intention (LoI) dans le cadre du projet projet européen de missile antichar « BLOS » (Beyond Line of Sight, ou Tir Au-delà de la Vue Directe – TAVD). Une étape cruciale, qui concrétise l’engagement politique des trois partenaires moins d’un an après l’admission du projet au sein de la Coopération structurée permanente (CSP).
 
« En marge de la réunion informelle des ministres de la Défense de l’UE à Helsinki, j’ai signé une lettre d’intention avec la France et Chypre concernant le projet BLOS de la Coopération structurée permanente, qui vise à développer une défense européenne plus autonome, à renforcer l’industrie européenne et simuler l’innovation, » s’est félicité le ministre de la Défense belge, Didier Reynders, sur son compte Twitter. À l’instar du projet MUGS présenté mercredi, le projet BLOS a été approuvé en novembre 2018 par le Conseil des affaires étrangères de l’UE. Il est également sélectionné pour bénéficier dès cette année d’un financement de 6,5M€ octroyé par le Programme européen de développement industriel dans le domaine de la défense (EDIDP). La date butoir de remise d’une proposition pour ce projet est fixée au 20 septembre. La signature de cette LoI préfigure par ailleurs le lancement des discussions visant à l’alignement des concepts d’emploi, préliminaire essentiel à l’expression d’un besoin commun. Il s’agira ensuite, pour chaque partenaire, de dégager les budgets complémentaires aux subventions européennes. C’est lors de cette phase critique que devrait se former une équipe industrielle ou que le trio d’origine pourrait s’élargir à d’autres pays. Voire les deux.
 
« Les militaires doivent pouvoir intervenir dans des engagements de haute intensité et asymétriques, face à un large éventail de menaces, y compris des adversaires potentiels techniquement sophistiqués, » souligne l’EDIDP dans sa description du projet. En conséquence, celle-ci préconise le développement de solutions capables de répondre à quatre contraintes majeures. Il s’agit tout d’abord de pouvoir traiter des cibles à moyenne portée qui ne sont pas toujours clairement visibles et identifiées, spécialement en environnement urbain. Il sera ensuite primordial d’éviter les dommages collatéraux en maximisant le degré de précision du vecteur et de réduire l’exposition des unités au feu ennemi en privilégiant une portée maximale fixée à 5 km. Enfin, le projet BLOS doit permettre de « concentrer le feu sans concentrer les moyens » en conciliant puissance de feu, autonomie, réactivité et liberté d’action au sein d’un même système. Entres autres objectifs capacitaires, l’EDIDP insiste donc tout particulièrement sur l’intégration de drones aériens pour la désignation de cibles situées au-delà de la vue. Outre le développement des missiles, le projet prévoit la création d’un club d’utilisateurs en vue de l’établissement d’une doctrine d’utilisation commune, ainsi que des dispositifs de formation et d’entraînement conjoints.
 
Bien que le projet BLOS ne le mentionne pas explicitement, le missile MMP de MBDA s’est directement imposé comme le candidat naturel à la constitution d’une famille de missiles européens. Portée maximale de 5 km, interfaçage microdrone NX70-missile, mode LOAL, etc., ce vecteur de 5e génération répond naturellement à la majorité des exigences techniques édictées par l’appel à propositions de l’EDIDP. Mais surtout, son ADN est à 100% européen, contrairement à ses principaux concurrents, que sont le Javelin américain et le Spike, commercialisé en Europe par le consortium germano-israélien EuroSpike. En privilégiant le MMP, le projet BLOS repose de facto sur « des produits totalement maîtrisés par l’industrie européenne, ce qui permet d’en garantir l’autonomie d’emploi, la sécurité d’approvisionnement et les capacités d’évolution, » déclarait MBDA l’an dernier.
 
Si les raisons de l’engagement du partenaire chypriote ne sont pas clairement identifiées, l’implication de la Belgique semble, elle, des plus logiques. Le projet BLOS bénéficiera en effet « de la dynamique bilatérale du partenariat stratégique CAMO (Capacité Motorisée) entre la France et la Belgique, source de synergies opérationnelles et capacitaires entre les armées des deux nations, » ajoutait MBDA. La capacité antichar de la Composante Terre belge repose depuis 2013 sur le missile Spike LR de Rafael et le Panzerfaust 3 de Dynamic Nobel Defence. À partir de 2025, l’armée belge commencera à intégrer le missile MMP déjà perçu et déployé par l’armée de Terre. L’hypothèse d’un remplacement des Spike et PzF 3 par un ou plusieurs missiles issus de la future « famille BLOS » permettrait d’homogénéiser le parc belge, au bénéfice, par exemple, du MCO, de la logistique et de la formation. Une fois le volet industriel abordé, la BITD belge pourrait à son tour y trouver son intérêt. De taille modeste, celle-ci compte cependant quelques industriels susceptibles d’apporter un « touche de belgitude » au projet BLOS. C’est notamment le cas d’OIP Sensor Systems, fondé il y a un siècle à Gand. Propriété de l’Israélien Elbit Systems, ce spécialiste des systèmes électro-optiques de haute précision a d’emblée exprimé son souhait de formaliser un partenariat sur la plateforme EDIDP. Sans parler de FN Herstal, spécialiste du tourelleau téléopéré, et de John Cockerill Defence, qui a déjà pu se faire la main sur le sujet grâce au missile antichar Falarick 105.

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