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NELLIE et Sophie OPTIMA rejoignent le portfolio de Thales

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NELLIE, une nouvelle génération de JVN ajoutée au portfolio d'optroniques portables de Thales (Crédits: Thales)

NELLIE, une nouvelle génération de JVN ajoutée au portfolio d’optroniques portables de Thales (Crédits: Thales)


 
Faute de salons d’armement, la visibilité des industriels du secteur repose plus que jamais sur des leviers virtuels. Après le stand digital d’Arquus, le groupe Thales misait quant à lui sur un évènement retransmis en direct pour dévoiler les deux nouveaux membres de sa gamme d’optroniques portables, la jumelle de vision nocturne (JVN) binoculaire NELLIE et la caméra multifonction infrarouge Sophie OPTIMA.
 
L’ergonomie d’un côté, le volume de l’autre
 
Plus de 110 000 JVN et 16 000 caméras ont été produites et livrées à ce jour par Thales, contribuant à former une communauté mondiale d’utilisateurs mise à profit pour le développement de la JVN NELLIE et de la 4ème génération de caméra Sophie, l’OPTIMA.
 
Avec la jumelle de vision nocturne NELLIE, Thales a souhaité corriger les problèmes d’ergonomie constatés « suite à une mésaventure connue il y a deux ans avec le prédécesseur, la LESLIE », explique Pascal Secrétin, directeur de la ligne de produits imageurs et senseurs, et ancien parachutiste des troupes de marine. « Nous avons alors décidé de revoir totalement le design tout en musclant l’ensemble des capacités », ajoute-t-il. Et ce, d’abord en confiant six projets mécaniques opérants aux utilisateurs finaux durant plusieurs journées d’essais. Les RETEX qui en ont découlé ont servi pour ensuite concevoir la NELLIE telle qu’elle se présente maintenant. Le résultat, c’est une JVN plus légère, plus compacte et plus performante développée entièrement sur fonds propres, aboutissement de 25 années d’expérience accumulée depuis 1996 et le lancement de la LUCIE.
 
L’évolution de la caméra OPTIMA repose quant à elle sur un constat établi en 2018 lorsqu’ « il nous a été signifié que la caméra Sophie OPTIMA était très bien en terme de performances, en terme de fonctions tel que nous l’envisagions au début. En revanche, le volume était inacceptable pour servir les chefs de section de contact ». D’où l’obligation pour Thales de redévelopper en moins d’un an un tout nouveau design tout en conservant les fonctionnalités imaginées initialement.
 
NELLIE, pour le combattant débarqué et le pilote d’engin
 
Première-née d’une nouvelle famille de JVN connectées, NELLIE est entièrement optimisée au niveau de l’ergonomie. Elle privilégie notamment un usage ambidextre avec l’installation d’un bouton central pour l’allumage de la diode infrarouge. Les équipes de Thales de Saint-Héand (Loire) ont conservé le relevage latéral avec une position indexée en haut et en bas indépendante du réglage interpupillaire. Difficile de parler d’ergonomie sans mentionner la question du poids, la fixation d’une JVN sur un casque étant une contrainte supplémentaire lorsque son usage se prolonge sur plusieurs heures. Ce paramètre a également été retravaillé, mais « sans faire le moindre compromis sur les performances optiques de la jumelle ». Malgré l’apport de nouvelles capacités et un champ de vision de 47°, NELLIE conserve un poids plume de 460 grammes. La résolution dans l’axe et jusqu’au 2/3 du champ est par ailleurs sensiblement améliorée du fait de l’usage de tubes de 18 mm qui permettent d’obtenir une portée de 940 m pour la détection et de 330 m pour la reconnaissance. Du fait qu’elle utilise de tubes à fibre inverseuse, la NELLIE n’est « pas du tout limitée par sa FOM [Figure of Merit]. Selon le besoin, on peut aller très haut ».
 
Parce que ses futurs utilisateurs sont appelés à évoluer en environnement ouvert, semi-ouvert ou urbain, cette JVN ne doit pas handicaper le champ d’observation vertical, un toit par exemple. « Si on utilise des interfaces casque-JVN non spécifiques, à un moment donné on va couper le service. Pour éviter cela, nous avons développé un interface sur base d’un aimant qui permet d’observer le sommet d’un bâtiment sans que l’intensification ne se coupe », révèle Thales.
 
La JVN NELLIE approche à grands pas d’un niveau de maturité technologie TRL 8, attendu d’ici la fin de l’année au terme d’une phase de qualification et d’industrialisation. Il faudra attendre 2021 pour atteindre le niveau maximal TRL 9, celui-ci « n’étant qu’un TRL 8 plus les systèmes d’environnement associés comme le système d’entraînement et le système de soutien ». En attendant la production en série, plusieurs exemplaires sont dès à présent disponibles à des fins d’essais pour les éventuels prospects. « Des expérimentations sont prévues, avec le client France bien entendu mais aussi avec des clients étrangers », souligne Pascal Secrétin. Avec l’objectif assumé d’aller bousculer la concurrence. En développant ce produit sur fonds propres, Thales a en effet dès le départ visé un prix capable d’adresser ce marché pour s’assurer d’en récupérer des parts, notamment vis-à-vis des fournisseurs étrangers. Une fois ce prix établi, celui-ci aura défini l’investissement consenti pour concevoir le produit.
 
En se positionnant aujourd’hui sur ce marché, NELLIE est annonciatrice de la constitution d’une famille dotée de capacités croissantes et inédites. « Nous avons une feuille de route ‘produit’ qui prévoit l’introduction d’un display dans l’un des oculaires pour pouvoir donner des informations d’ordre militaire pendant les phases d’engagement et, à terme, de rajouter le module infrarouge qui conférera la grande capacité offerte pas l’infrarouge qu’est de décamoufler la scène », annonce Pascal Secrétin. Si la fusion des données est déjà disponible avec la MINIE-D/IR, la prochaine rupture en matière de JVN repose sur le champ de vision. « Nous avons une certaine expérience en matière d’infrarouge au sein de Thales qui nous permet d’aborder cette question de la fusion de manière assez optimiste. En revanche, concernant la question du champ, est-ce que la rupture n’est pas d’atteindre des champs allant jusqu’à 80° en binoculaire et en garantissant une compacité, une masse qui soient acceptables », interroge Pascal Secrétin. Selon celui-ci, ce qui limite l’accès à une « JVN-fusion », c’est finalement l’acquisition d’un champ qui soit en rupture avec ce qui est proposé jusqu’à présent. Un champ élargie de 60° est un minimum qu’il faudra atteindre pour les ingénieurs de Thales avant de penser à inclure des fonctions de connectivité et de fusion. « Finalement, d’ici 2023-2024, vous aurez une version connectée-fusion de la JVN NELLIE », estime-t-on chez Thales.
 
Sophie OPTIMA, petite soeur de la caméra ULTIMA dévoilée il y a deux ans (Crédits: Thales)

Sophie OPTIMA, petite soeur de la caméra ULTIMA dévoilée il y a deux ans (Crédits: Thales)


 
OPTIMA, pour le chef de section et le JTAC
 
« Avec 25 ans d’histoire, nous développons une certaine compétence pour essayer d’imaginer ce que pourraient être les nouveaux besoins en terme de solutions techniques face à des changements de paradigmes opérationnels », rappelle Pascal Secrétin. Trois types de besoins coexistent dans le segment des caméras multifonctions infrarouges portables. Premièrement, un besoin de reconnaissance très longue portée pour accompagner un nouveau système d’armes comme le missile MMP. Ensuite, un besoin de reconnaissance longue portée qui n’a pas vocation à changer dans les années à venir, l’intervalle pour faire face à des véhicules blindés restant de l’ordre de 0 à 2 km, ce qui appelle une capacité de reconnaissance de 3 km. « Il faut donc apporter des ruptures pour être différenciant sur ce segment », constate Thales. À terme, ces caméras deviendront donc des objets connectés parfaitement intégrés à la future bulle de combat collaboratif dans laquelle les militaires français sont appelés à évoluer dans les années à venir. De ceci découle un troisième type de besoin, la sécurisation des transferts de données.
 
Quatre fonctions fondamentales sont ici réunies: l’observation de jour et de nuit, et l’extraction de données de jour comme de nuit. Petite soeur de la Sophie Ultima dévoilée à Eurosatory 2018, OPTIMA comprend un premier élément différenciateur avec l’intégration d’une voie directe optique (VDO). Hormis un grossissement x7, la VDO fournit une capacité d’observation de jour jusqu’à 7 km, contre 2 km pour la voie TV utilisée sur d’autres systèmes du marché. Dépourvue d’affichage interne, d’électronique et de processeur, la VDO ne nécessite aucun apport d’énergie et contribue à fournir jusqu’à 8 heures d’autonomie. Cette voie directe comporte néanmoins deux avantages, l’enregistrement et le traitement des images étant impossible. En plus de la VDO, Thales a donc décidé d’intégrer une également voie jour TV au sein d’OPTIMA pour conserver ces deux fonctionnalités essentielles.
 
La voie IR non-refroidie est un autre différenciateur, en ce sens qu’elle autorise l’utilisateur à détecter plus tôt grâce au grand champ de 22° et la non nécessité d’un refroidissement de 3 à 4 minutes, et de manière discrète car l’IR non-refroidi ne produit aucun bruit. Parce qu’OPTIMA doit devenir la caméra des JTAC et « des chefs de section de contact pour les quinze prochaines années », celle-ci doit pouvoir communiquer non seulement des coordonnées, mais aussi des photos et des vidéos en respectant le STANAG 4609. La prise en compte des menaces cyber est dès lors un nouvel élément différenciant. La réponse  cyber de Thales se résume en quatre points: un accès sécurisé à la caméra, l’authentification des données échangées, la protection des données utilisateurs et la vérification de l’intégrité du software interne.
 
In fine, l’objectif est atteint pour Thales, qui parvient à rassembler des fonctionnalités améliorées au sein d’une plateforme présentant un volume de 3,75 litres, soit un gain de 20% par rapport au volume initial, pour un poids de 2,5 kg. Soit à peine plus que le modèle OB 72B en service dans les Armées, doté de capacités inférieures. D’autres fonctionnalités comme un pointeur laser et un module Seepointer/Seespot sont disponibles en option. Désormais proposée à la vente, la caméra Sophie OPTIMA pourra être livrée dès l’an prochain aux éventuels futurs clients.
 
Un soutien 2.0 au profit des utilisateurs
 
« Nous avons développé NELLIE pour vous rendre plus opérationnels dans des situations qui sont toujours plus complexes », appuie Thales. C’est pourquoi, dès les premières étapes du développement, un travail important a été réalisé sur les concepts de maintenance qui sont associés tant à NELLIE qu’à la Sophie OPTIMA, l’idée étant qu’une flotte de systèmes doit toujours être « disponible à son plus haut niveau de performance ».
 
Plusieurs innovations sont directement intégrées aux jumelles et caméras ainsi qu’aux outils qui leur sont associés. La première contribue à améliorer la gestion de flotte par l’ajout d’une puce RFID porteuse de l’identité du système. Un scan du maintenancier permet d’obtenir automatiquement un vaste panel d’informations, du numéro de série au potentiel subsistant des composants internes. La maintenance préventive permettra par ailleurs autoriser l’espacement des stades de maintenance corrective. La NELLIE, par exemple, contient un capteur spécifique offrant d’un seul clic le taux d’hygrométrie, contribuant à protéger les pièces mécaniques, électroniques et optiques.
 
Troisièmement, et comme mentionné précédemment, Thales a favorisé la communalité de pièces avec d’autres systèmes en service dans les forces. NELLIE partage ainsi un bouton d’allumage identique à celui que l’on retrouve sur la JVN O-NYX, commandée à 3519 exemplaires par la DGA au profit de l’armée de Terre. Avec à la clé des économies d’échelle, une facilité d’appropriation entre les différentes formations et la mise en commun de certains stocks de pièces détachées.
 
Thales a en outre pensé au confort des maintenanciers en réduisant l’empreinte logistique. Ceux-ci utilisent les bancs de maintenance pour JVN depuis une dizaine d’années, sur lesquels ont été ajoutés des kits d’automatisation en 2019. Du côté d’OPTIMA, Thales a souhaité répondre à un besoin particulier de soutien au plus près des forces en travaillant sur des moyens projetables de la classe 50-80 kg capables de tenir dans seulement trois caisses. « C’est une vraie rupture qui est en train d’être proposée par les équipes de la maintenance. Il s’agit d’offrir un banc profitable très flexible, très compact pour permettre un soutien de niveau NTI2 au plus près de l’engagement », indique Pascal Secrétin. Cette solution est pour l’instant parvenue à un stade de maturité technologique TRL 6, soit la démonstration d’un prototype en environnement significatif. « Pour les unités en alerte Guépard, par exemple, il sera plus facile d’emmener ce type de banc plutôt qu’un modèle de la classe 1 tonne dont elles disposent actuellement ».
 
D’une présentation virtuelle à une prise en main des systèmes, il n’y a qu’un pas que Thales souhaite désormais franchir. Pour revenir au plus près de l’utilisateur après plusieurs mois de distanciation sociale, ses équipes entameront dès cette année un « Sophie Tour » inédit entrepris à l’échelle mondiale. La première étape aura lieu auprès du client français vers la fin du mois de novembre à l’École des troupes aéroportées (ETAP) de Pau.

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