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La logistique de l'OTAN à la traîne

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Une poignée de chanceux auront sans doute pu apercevoir quelques-uns des 89 hélicoptères américains ayant survolés mardi le ciel belge en vue de leur déploiement dans les pays Baltes et la Pologne dans le cadre de l’opération Atlantic Resolve de l’OTAN. Mais derrière ce déploiement se cachent de sérieuses lacunes organisationnelles et logistiques dévoilées le 20 octobre par l’hebdomadaire allemand Der Spiegel.

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Selon ce rapport « NATO SECRET » baptisé « Progrès sur la dissuasion renforcée et la posture de défense de l’Alliance », « la capacité qu’à l’OTAN de soutenir logistiquement un renforcement rapide dans le territoire élargi couvrant la zone d’opération du SACEUR [Commandant suprême des forces alliées en Europe] s’est atrophiée depuis la fin de la guerre froide ». Autrement dit : la structure logistique actuelle de l’OTAN est identique à celle établie durant la Guerre froide, malgré un théâtre d’opérations considérablement accru par l’intégration progressive de 13 nouveaux pays depuis 1999.

Quant aux structures de commandement de l’Alliance, celles-ci sont « au mieux, seulement partiellement adaptées à leur objectif […] et échoueraient rapidement si elles étaient confrontées au plus haut niveau d’ambition de l’OTAN », révèle le rapport. Des 23 000 militaires déployés dans les centres de commandement otaniens avant la chute du Mur de Berlin, il n’en reste que 6800 opérant au sein des QG de Brunssum (Pays-Bas) et de Casteau (Belgique).

Outre des structures de commandement inadaptées, l’Alliance fait face à un manque criant de matériel logistique, tels que des wagons plats ou des ponts capables de supporter les véhicules militaires modernes. « À quoi bon investir dans un armement des plus coûteux si ils ne peuvent être transportés là ils sont le plus nécessaires ? », s’exclame à raison le Der Spiegel. Sans parler des obstacles bureaucratiques que doivent parfois affronter les troupes désireuses de franchir la frontière entre deux États-membres. Autant d’entraves théoriquement levées ou ignorées en temps de guerre, mais qui mettent en péril les manœuvres préventives en période de paix.

Mais l’OTAN ne reste manifestement pas les bras ballants face au péril annoncé. Les 8 et 9 novembre prochains, les 29 ministres de la Défense de l’Alliance se réuniront à Bruxelles pour analyser une série de mesures urgentes. Celles-ci impliquent tout d’abord la création de deux nouveaux quartiers généraux, l’un aux États-Unis consacré à la gestion des routes maritimes et l’autre probablement basé en Allemagne ou en Pologne et destiné à assurer la pérennité des lignes d’approvisionnement terrestres. En outre, les Alliés travailleront à l’adaptation des législations nationales afin de permettre à l’équipement militaire de transiter plus rapidement à travers les frontières. Et la machine semble déjà en marche, car les hélicoptères aperçus dans le ciel belge avait aussi pour mission de « tester de nouvelles routes », précisait mardi le lieutenant-colonel John Hotek, commandant du 839e bataillon de transport de l’US Army.

La réflexion entreprise par l’OTAN est d’autant plus urgente que celle-ci doit maintenant s’attarder sur des tensions apparaissant sein même de ses frontières. Dernière exemple en date : l’achat par la Turquie de systèmes de défense anti-aérienne S-400 auprès de la Russie. S’exprimant hier à ce sujet, le général Petr Pavel, actuel directeur du Comité militaire de l’OTAN, a rappelé que si les nations sont souveraines en matière d’achats militaires, « elles sont aussi souveraines pour faire face aux conséquences de leurs décisions ». Autrement dit, si la Turquie signe l’achat des S-400, elle s’expose à l’exclusion totale de toute structure de défense aérienne intégrée avec les Alliés, ainsi qu’à d’autres restrictions techniques, a menacé Pavel.

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