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Singapour déploie l'Aster 30 de MBDA

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Le dossier a fait couler peu d’encre, pourtant il est synonyme d’une très belle réussite pour le missilier européen et pour la France. En ce début de mois de mars, la cité-État de Singapour a annoncé avoir déployé le système de défense sol-air Aster 30 qu’elle avait commandé à la fin de l’été 2013. C’est la première fois que la version terrestre du missile anti-aérien et anti-missile de moyenne portée est déployée par une nation extra-européenne.
 

Infographie du Mindef singapourien présentant l'Aster 30 parmi ses systèmes actuels

Infographie du Mindef de Singapour présentant l’Aster 30 parmi ses systèmes actuels


 
 
Le ministre de la Défense Ng Eng Hen a confirmé la livraison du système dans un discours devant le comité de la défense du parlement de la république insulaire le 2 mars dernier. Ng Eng Hen avait annoncé la décision d’acquisition en septembre 2013 pour remplacer le système américain vieillisant Hawk (acquis il y a plus de trente-ans par l’armée singapourienne, sa première mise en service remonte à l’année 1962 sur le sol américain). À l’époque il déclarait « l’Aster nous permettra d’engager de multiples menaces simultanément et à plus longue distance » en ajoutant que le système compléterait le système à plus courte portée d’Israel Aerospace Industries (IAI) dénommé Spyder. De son côté, le PDG du missilier européen, Antoine Bouvier, avait affirmé que l’Aster 30 s’était imposé face aux américains et aux israéliens grâce à ses « performances » et son « prix ».
 
 
« Notre ciel sera mieux protégé avec des systèmes d’armes avancés » a déclaré Ng Eng Hen devant les parlementaires, précisant que les forces du pays avaient « récemment ajouté » le système Aster 30 à la défense aérienne. Selon le site Aviation Week, bien que l’Aster 30 n’ait été livré que récemment, il serait probablement déjà intégré au système Island Air Defence (IAD) de la Force aérienne de la République de Singapour (RSAF). Le réseau IAD, couvrant l’ensemble de Singapour (42 kilomètres de longueur et 23 kilomètres de largeur), relie toutes les armes et tous les capteurs de défense aérienne de la RSAF, y compris les chasseurs, les systèmes sol-air et les radars polyvalents. Selon les journalistes spécialisés d’Aviation Week, « les cinq années qui ont suivi l’annonce de l’ordre auraient dû être suffisantes pour fabriquer le système et le préparer ». Ils rappellent également que quatre frégates de la marine de Singapour sont équipées de missiles Aster 15 de plus courte portée.
 
 
Le nombre de missiles Aster 30, d’une portée maximale probable de 120 km, et de leurs lanceurs terrestres, ne sont pas connus. Les responsables singapouriens et l’industriel européen sont également restés discrets concernant le coût d’une telle opération. De même, si l’on sait que le système anti-aérien et anti-missile est exploité par une seule unité, le 163e Escadron, on ne sait pas en revanche si Singapour a acheté le radar multifonctions Arabel associé au système Aster 30 sol-air.
 
 
Ng Eng Hen a déclaré que le ministère de la Défense devrait maintenir sa dépense annuelle autour des 3-4% annuels. Les dépenses de défense sont passées d’environ 14,2Mds$ (11,4Mds€) pour l’exercice 2017 à 14,76Mds$ (11,9Mds€) pour l’exercice 2018, soit une augmentation de 3,9%. La cité-État possède de très loin le plus gros budget de défense de toute la région d’Asie du Sud-Est, et cela lui donne l’opportunité d’acquérir des systèmes d’armes stratégiques et ultra-technologiques, et donc très coûteux, comme des drones Heron MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) de production israélienne, ou des sous-marins d’attaque Archer d’origine suédoise, alors que le pays de 5 millions d’habitants est indépendant depuis 1965.
 
 
« L’écart entre les dépenses de Singapour par rapport au reste de l’Asean a augmenté, mais Singapour n’a pas besoin d’augmenter ses dépenses de défense radicalement maintenant pour rattraper son retard » a également souligné Ng Eng Hen, reconnaissant les premiers ralentissements économiques d’une société déjà vieillissante. Cependant, il a indiqué aux députés présents devant lui le 2 mars qu’il n’hésiterait pas à pousser pour des dépenses plus élevées en matière d’armement s’il y avait de « nouvelles demandes croissantes » ou si l’environnement de sécurité se détériorait. Pour la défense aérienne, Singapour distance largement ses voisins, puisque le Vietnam, disposant de trois bataillons du système russe S-300 d’une portée de 90km, la Birmanie et la Thaïlande ayant acquis le KS-1 chinois dont la portée ne dépasse pas les 50 km, sont les autres pays de la région les mieux équipés en matière de de défense aérienne à moyenne portée.
 
 
En attendant d’obtenir de nouvelles informations concernant le dossier singapourien, si il y en a un jour, rappelons que la Turquie a également fait appel à MBDA et à son système Aster 30 pour renforcer sa défense aérienne terrestre. En ce qui concerne le marché de défense d’Asie du Sud-Est, on peut imaginer que les voisins de la cité-État réagiront rapidement au déploiement du système de MBDA. La Malaisie et l’Indonésie, respectivement peuplés de 30 et 265 millions d’habitants, ont récemment formulé le souhait d’acquérir un système de défense aérienne moderne; si aucune décision n’a encore vu le jour, celle-ci ne devrait plus tarder.
 

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