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DSEI 2019: Le point sur le missile MMP

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Le missile MMP présenté au salon de défense DSEI 2019

Le missile MMP présenté au salon de défense DSEI 2019


 
De l’opération Barkhane aux évolutions capacitaires en passant par le programme BLOS et le marché export, le missile MMP de MBDA est de tous les fronts. Fort d’un système mature et démontrable, le missilier européen « se bat pour élargir le club d’utilisateurs, » nous déclare-t-on au salon de défense londonien DSEI.
 
MBDA s’attache désormais à prendre une option sur les dernières parts de marché disponibles par le biais de l’OTAN, soit au travers de la NATO Support and Procurement Agency (NSPA), soit en collant au mieux aux critères de l’Alliance. Une manoeuvre répondant à un double objectif: capter les quelques marchés « laissés » par le missile Spike de Rafael et de sa coentreprise formée avec Rheinmetall et Diehl Defence, tout en évitant les pressions américaines.
 
Il s’agira avant tout de transformer l’essai avec quelques pays de l’OTAN et de l’Union européenne, nous explique-t-on. L’un de ces pays a ainsi demandé expressément qu’il soit possible de se procurer des missiles antichar via le dispositif de la NSPA. Selon le missilier européen, « l’intégration du MMP dans la base de données de l’OTAN permettrait de choisir ce missile directement sur catalogue ». L’autre option privilégiée par MBDA serait d’avoir recours à un accord de gouvernement à gouvernement sensiblement équivalent à celui mis en place pour le partenariat franco-belge CaMo. Reste, enfin, l’option d’une compétition classique. « Nous comptons proposer les trois options en espérant que la NSPA référence le missile MMP d’ici la fin de l’année, » note MBDA.
 
En dehors du périmètre OTAN, la prospection continue aussi auprès de d’un pays asiatique et s’appuie à présent davantage sur l’unique opérateur à ce jour, l’armée de Terre. Fin octobre, un régiment français réalisera un exercice conjoint avec les militaires dudit partenaire asiatique. Ce sera l’occasion, pour la section d’appui de ce régiment, de fournir un RETEX de première importance pour la suite des négociations. « Comme ce pays est intéressé par le système, nous allons faire parler les praticiens afin de mettre les connaissances des ses soldats à niveau, » ajoute MBDA.
 
Le missile MMP déployé au sein de l'opération Barkhane. Ici opéré en mars dernier par le groupement tactique désert Bir-Hakeim  lors d'une opération majeure dans la zone des « trois frontières » (Crédit photo: EMA/Ministère des Armées)

Le missile MMP déployé au sein de l’opération Barkhane. Ici opéré en mars dernier par le groupement tactique désert Bir-Hakeim
lors d’une opération majeure dans la zone des « trois frontières » (Crédit photo: EMA/Ministère des Armées)


 
Loin des opérations marketing, le groupe européen continue d’affûter son argumentaire grâce au développement et l’intégration de nouvelles capacités. Linéaire mais ambitieux, le développement du MMP suit son cours sans écueils et la totalité des régiments français en seront équipés à la fin de l’année 2020, nous confirme-t-on. De nouvelles capacités seront en parallèle livrées à l’armée de Terre. « Jusqu’à présent, les soldats français ne disposaient pas de toutes les fonctionnalités, les premiers lots ayant été livrés sans la tablette de commande, » souligne MBDA. De fait, il est prévu de pouvoir connecter une tablette dotée d’un système d’aide au commandement (BMS) au poste de tir MMP. Il devient alors possible pour le chef d’équipe de surveiller à la fois sa carte tactique et la visée du tireur, ainsi que d’entrer directement les coordonnées d’une cible dans le missile. Cette fonction n’est pas encore en service au sein de l’armée de Terre, celle-ci ne devant recevoir que prochainement « des tablettes de première génération sur lesquelles nous pourrons ensuite rajouter de futures couches de logiciel ».
 
Mais la mire de MBDA est depuis l’origine ajustée pour viser bien au-delà de l’intégration de cette seule tablette. « Nous nous sommes rendus compte, en travaillant avec Novadem, que l’on pouvait connecter une antenne externe sur la tablette avec une alimentation et récupérer les images d’un drone pour les insérer dans une couche logicielle, » pointe l’industriel. C’est, finalement, le concept Lynkeus présenté au salon SOFINS, qui associe le missile MMP au microdrone NX70 de Novadem, déployé depuis peu sur Barkhane. L’idée sous-jacente, c’est que le chef d’équipe puisse récupérer les données récoltées par le drone, les traiter et les intégrer pour pouvoir réaliser des tirs hors de la vue directe (BLOS). Ce concept d’emploi est aujourd’hui l’objet d’une évaluation tactique (EVTA) menée par l’armée de Terre. Espérons que les résultats de cette expérimentation permettent ensuite de faire évoluer la doctrine actuelle pour « arrêter de vouloir tirer un MMP comme un missile Milan ». De fait, la notion de tir BLOS induite par le projet Lynkeus reste davantage perçue comme étant du ressort de l’artillerie, et non des sections d’appui de l’infanterie. Hormis cet exemple, les équipes de MBDA planchent sur la diminution du volume du système afin d’« optimiser son emploi tactique » et à l’élaboration de nouvelles lois de guidage pour affiner les modèles de trajectoires.
 
Ces axes d’évolution préfigurent par ailleurs l’approche conceptuelle prônée par le programme européen BLOS. Lancé en 2018, ce projet devrait voir les principes du combat collaboratif s’appliquer au MMP, celui-ci évoluant in fine vers une famille de vecteurs reliés à de nouvelles plateformes et senseurs déportés. Confié à MBDA, BLOS a été récemment formalisé par la France, la Belgique et Chypre. Les premières discussions entre industriels ont démarré avec, entre autres, le Belge FN Herstal au sujet de l’intégration sur tourelleau. La division défense de John Cockerill serait également susceptible d’apporter son expertise en matière de simulation. « Il faut que nous allions les revoir. L’entreprise faisait déjà partie de celles que nous avions contactées à l’époque lorsqu’il était question de monter le MMP sur tourelle, » nous précise-t-on. Et l’actuel trio étatique pourrait rapidement s’élargir à d’autres partenaires européens. Dans l’intervalle, rendez-vous est pris dès l’année prochaine pour un premier tir de MMP réalisé selon les principes édictés par ce programme majeur.

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