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Pourquoi la Belgique doit remplacer ses Lynx

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Dix ans après leur entrée en service au sein de la Défense belge, les 437 LMV Lynx acquis auprès de l’Italien Iveco vont – déjà – être remplacés par un véhicule de commandement et de liaison (CLV). Un nouvel « avis de pré-information » a été publié dans ce sens au début juillet, confirmant que l’armée belge n’entame aujourd’hui qu’une phase de « prospection du marché ». Il y a pourtant urgence car l’histoire opérationnelle particulièrement courte des Lynx belges est entachée de dysfonctionnements, tant au niveau des performances du véhicule que concernant son Maintien en Condition Opérationnelle (MCO).
 

Pratique pour défiler, moins pour partir en OPEX, les Lynx belges doivent être rapidement remplacés

Pratique pour défiler, moins pour partir en OPEX, les Lynx belges doivent être rapidement remplacés


 
Dés son entrée en service en 2007, le Lynx aura été « source de problèmes », nous confirment différentes sources au sein d’unités de combat belges. Inondation de l’habitacle par temps de pluie, surchauffe du moteur au point de déformer les radiateurs et de menacer la climatisation, etc. La liste des problèmes techniques est longue ! Outre l’inconfort qui en découle, ces « couacs techniques » constatés lors d’exercices pourraient avoir des conséquences particulièrement tragiques en OPEX. Car si la climatisation tombe en panne, l’optique du tourelleau SPS ne peut être refroidie, rendant l’armement totalement inutilisable… et les soldats sans capacité de défense rapprochée. Ajoutez à cela des capacités tout-terrain limitées, le véhicule s’approchant plus d’un « tout-chemin », révèle un RETEX des missions effectuées en 2013 à Kunduz. Particulièrement fâcheux lorsqu’il s’agit d’arpenter les vallées afghanes ou les pistes du Mali…
 
Et c’est sans parler des difficultés constatées en matière de MCO, l’approvisionnement en pièces de rechange étant « très difficile », nous explique-t-on, non seulement au niveau des pièces mécaniques mais également pour les sous-systèmes. À tel point que certains militaires ne peuvent s’en remettre qu’au système D. Une source au sein de la Défense nous racontait avoir dû, dés le début du programme, installer des bâches sur le toit du véhicule afin d’éviter « de patauger dans la cabine » par temps de pluie. L’élément fatal se situerait au niveau du timing de livraison, la Défense ne disposant pas en temps et en heure des pièces requises.
 
Pas étonnant, dés lors, que la RFI fasse la part belle au volet MCO. Outre l’externalisation des maintenances préventive et corrective, l’annonce insiste également sur les délais de livraison des pièces de rechange. Afin de minimiser les coûts d’une accumulation importante de pièces, la Défense « envisage de recourir à un modèle logistique allégé basé sur la performance et l’externalisation des pièces de rechange ». Cela nécessiterait « des délais d’exécution courts à très courts », précise la Défense. Consciente de l’effort financier que cela impliquerait pour l’industriel, la Défense insiste donc sur le fait qu’un engagement contractuel pour des délais de livraison courts sera perçu comme un avantage déterminant dans le choix du véhicule. À contrario, et conformément au principe de performance évoqué plus haut, l’incapacité à respecter les délais imposés entraînera des pénalité. Ces opérations de sous-traitance seront majoritairement réparties entre les quartiers de Bourg-Léopold, Marche en Famenne, Heverlee et Braschaat. Même succinctement détaillé, ce modèle n’est pas sans rappeler celui mis en place pour… le programme Scorpion.
 
Pour l’heure, la description du CLV reste très succincte. La Défense confirme rechercher un véhicule 4×4 de classe N2G, c’est-à-dire un tout-terrain de la classe 3,5 à 12 tonnes. Exit, par ailleurs, le niveau de protection OTAN 2a/2b pour tous les véhicules : désormais, seuls 15% de la flotte devront offrir « les plus hauts niveaux de protection » contre « les menaces balistiques, l’artillerie, les mines et les IED ». Le reste de la flotte n’exigera aucun niveau de protection mais devra pouvoir intégrer des kits de blindage additionnels à monter en fonction du niveau de dangerosité des missions, comme c’est le cas pour les nouveaux RRV Fox du Special Forces Group. En outre, la RFI confirme la récupération de certains sous-systèmes actuellement montés sur les Lynx, réunis au sein de kits d’intégration. Tant les radios Thales et Harris que le BMS et 135 tourelleaux téléopérés SPS de 7.62 mm seront « recyclés ». L’acquisition initiale inclut également des kits d’extension afin « d’étendre l’enveloppe capacitaire des véhicules ». Suivant le besoin, le véhicule pourra recevoir des pneus run-flat, un treuil mécanique, voire un kit non détaillé permettant d’assurer une « surveillance silencieuse ».
 
Si la seconde RFI élude à nouveau le volet budgétaire, rappelons que la Vision stratégique du bientôt ex-ministre de la Défense Steven Vandeput prévoit l’octroi d’un budget de 125,05M€ pour les Lynx opérés par la composante Terre et 16,24M€ pour les véhicules en service au sein des composantes Air/Médicale. En effet, le futur véhicule CLV sera non seulement utilisé par les troupes terrestres, tel le bataillon ISTAR spécialisé dans la collecte de renseignements, mais également par certaines unités des composantes Air et Médicale. Si le calendrier ne change pas, avec des livraisons prévues entre 2021 et 2026, la Défense belge réduit néanmoins la voilure de près de 30%, passant de 440 véhicules envisagés dans une première RFI à « +- 320 » aujourd’hui.
 
À supposer que le budget évoqué dans la Vision stratégique ne suive pas la même courbe que la flotte, la Défense allouerait un budget avoisinant les 400.000€ par véhicule, soutien compris. Soit bien davantage que ce que les Britanniques sont prêts à débourser pour acquérir le JLTV d’Oshkosh, de l’ordre de 320.000€ pièce. Sachant que les FMS sont sensiblement « gonflées » par rapport au coût final, le champ des possibles qui s’offre à la Belgique est plutôt large. Difficile, par exemple, de ne pas penser au Serval, segment « léger » d’un programme Scorpion pour lequel la Belgique a clairement montré son intérêt.

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