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Brexit et les industries défense

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Olivier Martin, secrétaire général de MBDA (crédit photo: MBDA)

Olivier Martin, secrétaire général de MBDA (crédit photo: MBDA)


Le hasard du calendrier a voulu que j’interviewe Oliver Martin, secrétaire général de MBDA, sur les problèmes crées par le Brexit pour un groupe pan-européen comme le sien, le jour même où la Grande Bretagne a notifié à la Commission européenne sa décision de quitter la communauté européenne (CE): ce jour fatidique, le 29 mars 2017.
La Commission a indiqué que sa première préoccupation va aux Européens travaillant et installés en Grande Bretagne ainsi que pour les millions de Britanniques vivant dans un autre pays membre de la CE. Mais pour MBDA, qui à une implantation très importante en Angleterre, ce n’est pas le principal soucis. « Nous avons très peu de personnels étrangers dans nos succursales. Il n’y a pas plus de 16 non-Britanniques en Grande Bretagne et six Britanniques en tout en France, en Allemagne et en Italie », précise Martin, notamment au vu de la nature de ses produits, les missiles de toutes sortes, qui relèvent de programmes stratégiques pour les pays clients. Par contre, il craint un effet de ricochet, car des entreprises aéronautiques telles qu’Airbus, Thales, Rolls-Royce etc. qui recrutent toutes les mêmes profils professionnels, se verront peut-être obligées de ne recruter que des ingénieurs britanniques pour travailler en Grande-Bretagne et donc « il pourrait y avoir des problèmes de recrutement plus tendus pour tout le monde ».
Pour Martin, et Marwan Lahoud, président du GIFAS et ex-directeur de la stratégie d’Airbus qui me l’avait dit quelques jours auparavant, le risque principal pour des entreprises pan-européennes, c’est la ré-introduction des barrières douanières. « Le flux de matériel peut être affecté, ce qui aurait un impact sur les programmes en cours », explique Martin, ajoutant que ces impacts potentiels sont « en cours d’analyses » au sein de toutes les entreprises de défense. Pour les programmes futurs, les barrières douanières mèneraient à une augmentation des coûts, qui serait répercuté dans les prix ce qui n’est « pas bon pour notre compétitivité » souligne Martin.
Le deuxième risque est lié à l’évolution des standards techniques. Aujourd’hui, par exemple, tous les pays membres de la CE doivent obéir aux réglementations REACH*, contrainte qui épargne les Etats-Unis, Israel et les autres compétiteurs de MBDA. « Demain la Grande Bretagne n’est plus tenue de respecter ces standards », note-t-il, ce qui pourrait créer des incohérences au sein d’une même entreprise.
Pour Martin, le fait que la livre sterling ait perdue 10% de sa valeur avant même le 29 mars et que cette chute pourrait continuer « peut être vue comme une opportunité » car, évidemment, les produits vendus en livres deviennent moins chers.
Autre considération : libre d’instaurer les lois sociales qu’elle voudra, le gouvernement de Theresa May pourrait ne plus aligner les lois du marché du travail britannique sur celles de l’Union Européenne. « Mais nous prévoyons de garder une cohérence d’ensemble de notre politique sociale au sein du Groupe MBDA », rassure Martin.
En dehors de ces quelques inquiétudes, le secteur défense étant « particulier » non seulement dans le fond, mais dans la forme car les coopérations sont d’ordre plutôt bilatérales que multinationales, Martin reste assez serein. « Les Traités de Lancaster House engagent nos deux états pour une durée de 50 ans », relativise-t-il, soit plus longtemps que les 44 années pendant lesquelles la Grande-Bretagne a tenté l’aventure européenne.
 
*REACH est un règlement de l’Union européenne adopté pour mieux protéger la santé humaine et l’environnement contre les risques liés aux substances chimiques
 

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