LOADING

Recherche

Tags: , ,

Comment Nexter conjugue innovation et transformation digitale depuis un an

Partager

La Direction de l’Innovation et de la Transformation Digitale (DITD) du groupe Nexter soufflait sa première bougie le mois dernier. Entre établissement d’une feuille de route, innovathon et impact de la crise sanitaire, retour sur la montée en puissance de cette nouvelle structure transverse en compagnie de son directeur, Alexis Mabile. 

Comment expliquez-vous ce rapprochement entre innovation et transformation digitale ? Quels sont les objectifs de cette nouvelle direction ?

Nous avons effectivement fêté le 11 juin le premier anniversaire de la Direction de l’Innovation et de la Transformation Digitale (DITD), qui adresse deux priorités stratégiques du groupe Nexter : l’innovation et la transformation digitale ayant pour ambition d’accompagner la croissance rentable du Groupe.

Pourquoi regrouper ces deux priorités ? Nous aurions pu les garder séparées mais il existe de nombreuses synergies entre les deux sujets, les outils digitaux permettant par exemple de favoriser l’innovation. Nexter n’a évidemment pas attendu la création de cette DITD pour innover ou pour proposer des services digitaux. Prenons le char Leclerc, exemple récurrent lorsqu’on parle de transformation digitale. Celui-ci était particulièrement en rupture par rapport à son prédécesseur, l’AMX-30, puisqu’on y retrouvait déjà un bus informatique issu de l’aéronautique. L’actuelle tourelle du Jaguar est quant à elle très fortement numérisée.

Si le digital et l’innovation existent de longue date au sein de Nexter, il convient en revanche de les coordonner, d’en être le chef d’orchestre,  les initiatives étant aussi bien top down que bottom up. Ajoutons que la DITD n’adresse pas seulement l’innovation et le digital au niveau de l’axe produits et services vis-à-vis de nos clients, mais aussi l’axe outils et processus pour améliorer notre manière de fonctionner et faire face aux enjeux futurs. Nous avons un carnet de commande bien rempli et nous en sommes très heureux. Nos cadences de production vont dès lors atteindre des niveaux inédits, tant en volume qu’en diversité (systèmes d’armes, variantes, kits). Les volumes mis à part, nous approchons de configurations proches de celles que l’on observe dans le monde automobile. Le Serval, par exemple, se décline à lui seul en une vingtaine de variantes complétées de kits montés en usine ou par la suite par l’utilisateur. Il faut donc parvenir à gérer cette complexité grâce à des outils et à des méthodes adaptés. La DITD concentre aussi ses travaux sur un troisième axe, qui est celui des usages et de la culture. Ce sont nos outils collaboratifs du quotidien. L’innovation, finalement, sous-entend un éventail très large d’actions. Il est essentiel de ne pas la limiter aux seuls produits et services.

Autant d’axes qui se sont traduits en janvier par une roadmap établie au terme de plusieurs mois de travail ?

La DITD a été créée en juin 2019 avec seulement deux collaborateurs. Le deuxième semestre 2019 a été consacré à une présentation de la démarche auprès des collaborateurs du Groupe, à des séances de travail collaboratives et à la construction de la feuille de route et de l’organisation afférente. Un premier innovathon a été organisé en interne en septembre 2019, qui a permis de recueillir environ 300 idées novatrices centrées essentiellement sur l’axe des produits et services.

Le 1er janvier 2020 l’organisation est mise en vigueur avec en particulier le rattachement de la Direction des systèmes d’information à la DITD. D’autres collaborateurs rejoignent progressivement la Direction au cours du premier trimestre 2020 pour mettre en œuvre la roadmap. Cette mise en œuvre s’appuie sur un réseau d’ambassadeurs représentant l’ensemble des Directions et des sites du Groupe, l’action de la DITD étant éminemment transversale. Afin de favoriser cette transversalité et le fonctionnement en mode collaboratif, nous avons décidé de déployer un outil permettant de partager les projets d’innovation et la connaissance des acteurs de son écosystème. Il s’agit de Startup Flow, outil proposé par une start-up française. Un exemple concret de synergie entre l’innovation et le digital.

Concernant l’innovation, la DITD devient de facto l’interlocuteur privilégié de Nexter vis-à-vis de l’AID et de la DGA ?

Nous tenons effectivement ce rôle d’interlocuteur privilégié, en étroite collaboration avec la Direction des Relations Institutionnelles de la Communication et des ventes France (DRIC). Nous avons d’ailleurs répondu à l’appel à projets de l’AID lancé durant la crise de la COVID-19. Nous avons alors pu constater la capacité des collaborateurs de Nexter à se mobiliser pour l’innovation malgré le contexte très particulier. Cette mobilisation en réponse à l’AID a également permis de mettre en place des projets en interne comme la réalisation  d’un serious game proposé par la filiale Nexter Training pour que chacun s’approprie correctement les gestes barrières. D’autres projets ont été soumis dans le segment de la robotique terrestre, pour effectuer des missions de surveillance. Hormis l’AID, nous sommes en lien avec le Battle Lab Terre, situé à la STAT de Satory, juste à côté de notre site versaillais.
 
Depuis six mois, la DITD est également en charge de toute la gestion informatique du groupe, avec un premier défi majeur imposé par la crise sanitaire ?

Tout à fait, la Direction des Systèmes d’Information (DSI) nous est rattachée depuis le 1er  janvier, de même que les équipes en charge de la cybersécurité au niveau groupe et le pôle d’architecture digitale. Le rapprochement de ces trois fonctions dans une boucle de décision ultra- courte nous a permis de déployer massivement le télétravail pendant la crise et en particulier d’ouvrir l’accès à distance à de nombreuses applications, tout en respectant les règles de sécurité.

Nous avons très largement utilisé TIXEO par exemple, similaire à Skype dans ses fonctionnalités mais avec l’avantage d’être « made in France » et d’être validé par l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) jusqu’au niveau Diffusion Restreinte. C’est le seul système qui le permette aujourd’hui. Nous étions jusqu’à présent le client principal de TIXEO, mais de plus en plus d’organismes s’y intéressent.

(Crédits: Nexter)

La réponse la DITD face aux défis imposés par la crise sanitaire résumée en un schéma (Crédits: Nexter)

Quels sont les principaux sujets sur lesquels les réflexions se concentrent pour l’instant ? Il est de plus en plus question de fabrication additive, par exemple.

La fabrication additive, de fait, est un sujet que la DITD va piloter en transverse. La Direction des Services Clients est très active depuis quelques années déjà sur cette technologie et travaille en ce moment même de manière collaborative avec la DGA et la SIMMT, dans l’esprit de la la nouvelle instruction ministérielle IM 1618, qui vise à favoriser un travail collaboratif entre les Forces, la DGA et les industriels. Au-delà du soutien, la fabrication additive s’installe  progressivement dans les bureaux d’études lors des étapes de prototypage par exemple. Ce point nous intéresse tout particulièrement en termes d’innovation participative car il permet de passer facilement du « powerpoint à la réalité ». Nous commençons à déployer la fabrication additive au sein des phases de production en série. Nous avons de multiples échanges sur cette technologie avec des laboratoires de recherches et d’autres industriels de la défense et de l’automobile.

Votre attention se porte aussi sur l’intelligence artificielle…

Au sujet de l’intelligence artificielle, nous poursuivons nos travaux relatifs à la maintenance prédictive. De plus en plus de données circulent sur les bus, couplées à une plus grande capacité d’enregistrement. À nouveau, c’est un sujet sur lequel la Direction des Services Clients est aujourd’hui particulièrement en pointe. La robotique est également concernée, notamment dans le cadre du déplacement autonome. Plusieurs briques existent déjà et ont été présentées dans la logique du véhicule augmenté, avec des robots et des drones capables de se désengager d’un véhicule militaire puis de revenir s’y arrimer de manière autonome grâce à des algorithmes d’intelligence artificielle.

Dans le domaine du « GNSS-denied », nous participons au challenge MALIN [MAîtrise de la Localisation INdoor], co-piloté par la DGA et l’Agence nationale de la recherche. Six groupements ont été retenus pour ce projet d’une durée de trois ans qui doit s’achever cette année, dont celui formé par Nexter et le CEA. Le principe repose sur le déplacement dans un bâtiment  d’un fantassin  devant être en capacité de se positionner en permanence quelles que soient les conditions. Un environnement marqué par l’absence de GPS, la présence de fumée, d’obscurité et d’autres obstacles. Avec la solution proposée par Nexter et le CEA, nous avons particulièrement bien réussi le challenge d’octobre 2019 organisé au SDIS de Blois : le fantassin a atteint le sommet de la tour des pompiers avec un écart de localisation minime.

Le dernier sujet relatif à l’IA concerne l’aide à la décision au travers par exemple de la caisse à sable numérique FINDMP®, dans laquelle on peut venir installer des algorithmes en s’appuyant sur des briques existantes comme celles fournies par MASA Group. Cela concerne également les systèmes embarqués avec des applications comme la poursuite automatique de cible ou la reconnaissance exacte de l’ennemi pour proposer ensuite différents types d’actions.

Hormis ces axes d’études déjà partiellement explorés, quels sont les prochains chapitres à ouvrir dans le champ de l’innovation ?

Je pense que nous sommes tous en attente de ce qu’offrira un ordinateur quantique. Ce type de technologie devrait fournir des capacités de calcul assez phénoménales. Il est difficile de dire quand cela arrivera concrètement, mais ce sera notamment bénéfique pour soutenir l’évolution des IA.

Nous réfléchissons aussi aux questions relatives à l’énergie, un sujet qui fait l’objet d’une attention particulière du ministère des Armées. Les systèmes d’armes comprennent une part de plus en plus importante de digital, impliquant une croissance de la consommation d’électricité. Il faut trouver le bon équilibre entre la performance et la capacité à produire davantage d’électricité au sein des systèmes.

Dans le segment des munitions, Nexter a remporté avec ses partenaires l’appel à projets européen PILUM (Projectiles for Increased Long-range effects Using Electro-Magnetic railgun). En compagnie d’industriels et de laboratoires européens, Nexter démontrera que le canon électromagnétique dispose du potentiel suffisant pour créer une rupture technologique dans l’appui d’artillerie à longue distance. Les réflexions continuent par ailleurs concernant la munition guidée Katana. Je souhaite aussi mettre en lumière l’excellent travail effectué par notre site de Tarbes au profit du programme Ariane 6. Nous réalisons notamment les détonateurs opto-pyrotechniques du lanceur qui utilisent la lumière plutôt que le courant électrique. Cette nouvelle technologie apporte un gain de masse, facilite l’intégration et accroît la sécurité de mise en œuvre. Ces détonateurs sont utilisés notamment pour initier la séparation des boosters. La production va bientôt démarrer au sein d’un atelier moderne et fortement digitalisé reposant notamment sur un Manufacturing Execution System.

La roadmap mise en place par la DITD n’en est qu’à ses débuts, à quoi faut-il s’attendre pour les prochains mois ?

Nous avons prévu un nouvel Innovathon interne, mais aussi un évènement davantage tourné vers le public pour présenter de nouvelles briques technologiques. Cela aura lieu idéalement en présentiel fin 2020 ou début 2021, en fonction de l’évolution du contexte sanitaire. Indépendamment d’Eurosatory, ce sont des rendez-vous que nous avons prévu d’organiser de manière régulière. 

Tags:

Laisser un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *