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Cinq questions défense à Marine Le Pen

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Marine Le Pen

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Marine Le Pen nous a envoyé ses réponses aux cinq questions concernant leur positionnement vis-à-vis de l’armée de terre et de l’industrie de l’armement terrestre que nous avons posées aux 11 candidats à l’élection présidentielle. Nous avons raccourci légèrement ses propos pour que ceux-ci correspondent au format attribué aux autres candidats.
 
1) Dans un contexte budgétaire contraint, jusqu’où peut-on consentir à un effort pour le budget de la défense ?
Le cadre est contraint en raison d’une servitude volontaire – le carcan des traités européens – et de la priorité du tout social contre le régalien. Si le cadre budgétaire est donc réputé « contraint », c’est par choix délibéré de faire de la Défense une variable d’ajustement des politiques mondialistes ; ces choix, je les récuse. Il s’agit, par une réforme de l’Etat, de dégager les moyens nécessaires à la sécurité des français, qu’ils soient en France, en Outre-Mer ou déployé ou expatrié à l’étranger. J’entends donc replacer la Défense au cœur de l’action politique. L’armée française sera celle de nos choix diplomatiques, politiques et industriels et non celle des contraintes imposées par Bruxelles, Washington ou l’OTAN. Contrairement aux autres candidats qui repoussent l’effort de redressement de notre Défense à 2025, c’est dès 2018 que l’effort sera engagé avec un budget de Défense porté à 2% du PIB, c’est- à-dire à 45Md€ en 2017 avec pensions. Puis, par paliers, il sera augmenté pour atteindre les 3% du PIB à l’horizon 2022, soit un budget de Défense dépassant les 60Md€ en 2022. Il faut bien comprendre que nous n’avons plus le choix : 60% des matériels de l’armée de Terre ne sont pas protégés ; la Marine n’a plus les moyens d’assurer la souveraineté sur notre ZEE et l’armée de l’Air s’époumone à déployer plus de 20 avions d’armes. Est-ce cela l’armée française ? Non. Il faut donc réarmer et le plus tôt sera le mieux.  Cet effort de Défense massif est populaire : les Français souhaitent une Défense Nationale renforcée, comme tous les sondages réalisés pour le compte de la DICOD avant et après les attentats de 2015 et de 2016 l’indiquent. Ces chiffres-là sont tenables si la Défense, première raison d’être de l’Etat, redevient la priorité qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être et si les arbitrages sont faits pour arrêter la gabegie dans d’autres domaines. Enfin, cet effort de Défense est un investissement de souveraineté : chaque centime dépensé dans la défense est un centime investi dans notre indépendance nationale.
 
2) Est-ce le rôle de l’armée d’entreprendre des opérations de type Sentinelle ? 
La sécurité intérieure relève en priorité de la responsabilité de la gendarmerie et de la police nationale. L’opération « Sentinelle » de renfort des forces armées doit être revue et remplacée par un déploiement plus important des réserves opérationnelles et de la Garde nationale. Les forces armées ainsi recentrées sur leur cœur de métier apporteront un appui aux forces de sécurité intérieure en cas de risque terroriste de forte intensité.
 
3) Pensez-vous que l’armée de terre soit suffisamment équipée ?
Depuis 2008, l’armée de Terre a perdu 45 000 hommes – l’équivalent de 50 régiments -, sous l’effet combiné des dissolutions de régiments, des réductions d’effectifs au sein des unités maintenues, et des transferts vers les services de soutien. Elle a supporté l’effort principal de la fameuse RGPP (révision générale des politiques publiques) lancée par Nicolas Sarkozy et François Fillon. Les matériels, dont un grand nombre a le double de l’âge des soldats qui les servent, sont maintenus en condition au prix d’efforts colossaux et entraînent finalement des surcoûts exorbitants. L’arrivée des nouveaux matériels tarde à venir. Au final, c’est tout simplement la vie de nos soldats en opération qui est en jeu. Il faut mettre fin à cette longue dérive, car les hommes et femmes qui servent au sein de l’armée de Terre, avec un dévouement hors norme qui mérite l’admiration de la Nation, s’usent prématurément.
 
4) Comment peut-on faire monter en puissance notre BITD ?
 Les cas de MBDA et Nexter sont-ils des exemples à suivre selon vous ?
Il n’existe pas de souveraineté possible sans industrie nationale forte. Dès lors, j’entends mener une politique industrielle ambitieuse : doubler les crédits de R&T, garantir les productions tant retardées par des commandes pluriannuelles (Rafale, FTI, etc) et soutenir l’exportation d’armement dans les pays stratégiques pour notre influence de long terme. A ces trois leviers classiques, j’ajouterai l’instauration d’un CFIUS [ndlr: Committee on Foreign Investment in the United States] à la française afin de protéger les entreprises françaises dès que l’intérêt national est en jeu. Ce levier est, je le rappelle, interdit par le droit européen : il faudra donc s’en affranchir. Le cas de MBDA est un cas très particulier : le partenaire britannique n’est pas hégémonique mais pragmatique et la relation politique bilatérale forme un arrière-plan favorable à la convergence des projets ; par ailleurs, le socle des programmes – Scalp/Storm Shadow, Meteor hier et FMAN/FMC [ndlr: futur missile antinavire/futur missile de croisière] – est tel qu’il permet de réelles synergies industrielles. Le cas de Nexter est simple : c’était une belle entreprise, mal gérée par l’Etat et ses dirigeants successifs. L’Etat a préféré la recapitaliser sans fin plutôt que de lui donner une vraie direction stratégique et une bonne gestion financière et industrielle. Résultat : l’armement terrestre national a fondu, notre chaîne de production de chars a été démantelée sans que l’Etat ne réagisse et Nexter demeure cantonné à quelques niches où seuls le Caesar et le canon de 20mm s’exportent encore bien. Est-il encore réellement systémier ? Si certains se satisfont de cette situation au point de vouloir brader cet héritage industriel sans sourciller, je considère, moi, que la France doit avoir un pôle d’armement terrestre fort en raison de l’engagement de son armée de Terre sur les théâtres d’opération. Ce pôle ne peut s’organiser qu’avec les trois acteurs du programme Scorpion : Thales, Nexter et RTD. Je récuse donc le projet de fusion KNDS et lui préfère la consolidation nationale. RTD, qui appartient au groupe Volvo, doit revenir dans le giron national. La discussion doit donc s’engager avec le groupe suédois. L’Etat ne doit pas hésiter et à débourser la somme qu’il faudra et à utiliser les leviers en sa possession (R&T, programme Scorpion, exportation) pour que RTD passe de nouveau sous le drapeau tricolore. Faute de quoi, le secteur terrestre national disparaîtra totalement : Nexter sera absorbé par KMW comme la partie française l’a été chez Airbus par la partie allemande ; et RTD sera repris par un concurrent allemand ou un équipementier belge. Outre le gâchis énorme que représenterait le passage ou le maintien de ces deux sociétés sous pavillon étranger après tant d’investissements nationaux, cette évolution de l’armement terrestre n’est pas conforme, je le répète, à nos intérêts opérationnels et industriels.
 
5) Si vous arrivez à la Présidence de la République en 2017, en tant que chef des armées, quelles seront vos trois priorités en matière de Défense ?
Trois grandes décisions seront prises dès le mois de juin :  La restauration de notre indépendance nationale avec le retrait du commandement militaire intégré de l’OTAN et la mise en place de nouvelles relations diplomatiques avec nos alliés ;  L’engagement solennel devant la Nation de consacrer 2 % du PIB consacrés à la défense nationales et de graver cet effort dans la Constitution. La durée de la Loi de Programmation Militaire sera calée sur celle du quinquennat en attendant que la réforme du septennat non renouvelable soit lancée. Enfin, l’engagement sera pris d’exécuter cette nouvelle LPM au centime près afin de garantir à notre système de Défense l’intégrité physico-financière de cette Loi ; Le lancement d’une part d’une revue stratégique et de l’autre des travaux de la LPM 2018-2022 ; ces deux exercices devront être achevés fin septembre. Il s’agit de procéder aux arbitrages parmi les solutions que les Etats-Majors proposeront dans trois domaines : combler les lacunes les plus scandaleuses et les plus criantes (protection des militaires et de leurs véhicules; lancer de grands chantiers de BTP pour les logement et infrastructures des militaires; dégager des moyens pour l’entraînement et consolider la filière de soutien des matériels; lancer les programmes urgents comme Batsimar [ndlr: bâtiment de surveillance et d’intervention unique]); réarmer (hausse du format des armées) et préparer l’avenir (lancement des études nécessaires aux grands programmes d’avenir dans tous les domaines nucléaire et conventionnel).

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