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Vers une culture stratégique européenne?

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Les ministres de la Défense de neuf pays européens ont ratifié hier au Grand-Duché de Luxembourg la Lettre d’intention (LoI) officialisant le lancement de l’Initiative européenne d’intervention (IEI), mécanisme inédit annoncé en septembre 2017 par le président français, Emmanuel Macron.
 

Les neufs ministres signataires de la LoI fondatrice de l'IEI le 25 juin à Luxembourg (Crédit: ministère des Armées)

Les neufs ministres signataires de la LoI fondatrice de l’IEI le 25 juin à Luxembourg (Crédit: ministère des Armées)


 
Signée par la France, l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, l’Estonie, les Pays-Bas, le Portugal et le Royaume-Uni, l’IEI aura pour objectif ultime de « développer une culture stratégique commune, qui améliorera notre habilité, en tant que pays européens, à mener des missions et opérations militaires sous l’égide l’UE, de l’OTAN, des Nations Unies et/ou de coalitions ad-hoc », précise la LoI, publiée par le site spécialisé Bruxelles 2 (B2).
 
À cette fin, les armées européennes doivent davantage « se connaître, se comprendre et être capables d’agir vite et efficacement ensemble », déclarait hier la ministre française des Armées, Florence Parly, dans un communiqué officiel. « Grâce à des échanges entre les états-majors et des exercices communs, nous allons créer une culture stratégique européenne. Nous serons prêts à anticiper les crises et à y répondre vite et utilement » expliquait-elle sur son compte Twitter.
 
Si la PESCO apportera une dimension capacitaire et le Fonds européen de défense un financement de la recherche et du développement, l’IEI viendra quant à elle combler le vide existant en matière de réflexion stratégique collective. Pour ce faire, cette nouvelle initiative évoluera autour de quatre champs d’étude principaux: les prévisions stratégiques et le partage de renseignements, le développement de scénarios et la planification, le soutien aux opérations, et enfin, et non des moindres, le RETEX et la doctrine.
 
Le Royaume-Uni, traditionnellement méfiant à l’égard d’initiatives susceptibles de se superposer aux capacités de l’OTAN, a bel et bien répondu présent. Affaibli par le Brexit et exclu de la PESCO, Londres doit impérativement conserver des liens étroits avec les pays européens, a déclaré Parly. « Il s’agit clairement d’une initiative permettant à certains Etats non-membres de l’UE de s’associer. Le Royaume-Uni s’est montré très allant car il souhaite maintenir sa coopération avec l’Europe au-delà des relations bilatérales ».
 
Aujourd’hui neuf, mais demain combien ? Le « premier cercle » aujourd’hui constitué pourrait ensuite ouvrir ses portes à d’autres armées européennes « capables, volontaires et partageant les objectifs de l’IEI », précise Parly. Dans une interview accordée dimanche au quotidien Le Figaro, Parly levait également le voile sur l’absence remarquée de l’Italie, pourtant une invitée de la première heure. S’il étudie toujours sa participation, confirme Parly, le pays a depuis fait un pas en arrière suite à l’élection d’un gouvernement plus hostile aux opérations extérieures.
 
Davantage « forum » qu’état-major, l’IEI reposera par ailleurs sur un secrétariat permanent « allégé » basé à Paris et composé de militaires français et du réseau d’officiers de liaison nationaux. Mais, attention, l’IEI « n’entraîne pas la création d’une nouvelle force de réaction rapide » susceptible de faire doublon avec les battlegroups existants, précise la LoI. Son action reposera en effet sur des forces de réaction constituées uniquement en cas de crise et en tenant compte des spécificités et ressources propres à chaque pays désireux d’y investir. L’IEI agira donc en complémentarité avec des organismes existants en apportant, espérons-le, une plus-value plus que nécessaire en matière d’opérabilité. Car si les moyens existent, à l’image des GTUE, jamais ces derniers n’ont été formellement déployés avec succès. L’IEI sera-t-elle donc le chaînon manquant dans l’évolution vers une force européenne efficiente et coordonnée ? Seul l’avenir nous le dira.
 
Pour l’heure, il reste aux pays signataires à transformer l’essai avec la signature d’un Memorandum of Understanding (MoU) susceptible de détailler en profondeur les modalités d’action de chacun. Rendez-vous est pris en septembre à Paris afin de mettre sur pied un « programme de travail concernant l’anticipation, la planification et l’organisation d’exercices », a annoncé Parly.

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