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Un pas décisif vers « OneMBDA »

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par Nathan Gain et Christina Mackenzie
 
Il aura fallu plus d’un an avant que l’accord intergouvernemental signé le 24 septembre 2015 entre la France et la Grande Bretagne pour rationaliser la filiale missile européenne soit ratifié côté français, les Britanniques ayant quant à eux notifié leur ratification le 23 février dernier. Mais c’est chose faite depuis le 29 septembre et l’adoption du texte par le Sénat, trois mois après l’Assemblée nationale.
 

La stratégie "One MBDA" s'est déjà concrétisée par la livraison en 2015 par le site de MBDA à Lostock d'un premier actionneur de gouvernes pour le programme français de missile de combat terrestre MMP (Crédit: MBDA)

La stratégie « One MBDA » s’est déjà concrétisée par la livraison en 2015 par le site de MBDA à Lostock d’un premier actionneur de gouvernes pour le programme français de missile de combat terrestre MMP (Crédit: MBDA)


 
Cela signifie qu’un grand pas a été franchi vers la mise en place des centres d’excellence proposés par MBDA dans le cadre de son projet OneMBDA avec en ligne de mire une réduction d’environ 30 % des charges de développement des missiles nationaux et l’optimisation des investissements par des gains de synergie.
 
Mis à part une réduction, certes importante, des coûts, quel est l’intérêt d’un tel accord dans un domaine aussi sensible que celui des missiles ?
 
Si, dans un contexte de Brexit, ces centres d’excellence confirment l’importance de « resserrer les liens bilatéraux, notamment dans un domaine où la coopération de défense et d’armement – celui des missiles – est particulièrement avancée et efficace », d’après le Sénateur Jacques Gautier (Les Républicains) rapporteur de la proposition de loi, il faut aussi souligner le fait exceptionnel que la France et le Royaume-Uni acceptent une plus grande « dépendance mutuelle » militaire… même s’ils oeuvrent à préserver leur autonomie stratégique, la sécurité de leurs approvisionnements et l’indépendance de leur politique extérieure. Avec cet accord, les deux gouvernements ont décidé d’accompagner une intégration plus poussée des activités de leurs filiales respectives du groupe MBDA, qui détient entre 20 et 25 % du marché mondial, exception faite de la Russie et la Chine.
 
Les deux pays coopèrent déjà dans le domaine missilier : la rénovation des missiles de croisière SCALP et Storm Shadow (SCALP-PSSCEP) et le missile anti-navire léger (ANL) ; ils se sont aussi mis d’accord pour lancer une phase de conception commune pour le programme Futur Missile Anti-Navire-Futur Missile de Croisière (FMAN-FMC) qui doit identifier des solutions pour remplacer à terme les SCALP, Storm Shadow, Exocet et Harpoon. Ce programme sera le premier grand programme développé par les centres d’excellence voulus à travers OneMBDA.
 
Revenons en à ces fameux centres : ils seront répartis équitablement entre la France et le Royaume-Uni et emploieront à terme 600 personnes en France et 400 en Grande Bretagne. Il y aura deux catégories de centres. La première regroupera quatre centres d’excellence fédérés, qui fonctionneront avec des employés issus des deux pays, spécialistes du domaine considéré, mais qui ne bougeront pas de lieu de travail. Chaque centre aura une gouvernance unique avec un seul responsable ayant autorité à la fois sur les équipes française et britannique; deux français et deux britanniques. Chaque centre sera spécialisé dans un domaine précis : les algorithmes au Plessis-Robinson, à Bristol et Stevenage ; les logiciels à Bourges, Plessis-Robinson, Bristol, Stevenage et Lostock; les senseurs de navigation à Plessis Robinson, Bristol et Stevenage ; et les charges militaires complexes à Plessis Robinson et Lostock-Bolton.
 
La seconde catégorie regroupera les centres d’excellence prédominant spécialisés qui auront pour objectif de consolider majoritairement – à hauteur de 80 % en pratique – soit en France, soit en Grande-Bretagne, les compétences et les expertises se rapportant à certaines technologies choisies de manière à permettre un équilibre technologique global entre les deux États. Les 20 % restant de cette technologie peuvent subsister sur le territoire de l’autre Partie, « pour lui permettre de travailler sur des armements existants et sur des activités sensibles à l’échelon national », explique Gautier.
 
Ces centres seront également au nombre de quatre : deux en France et deux en Grande-Bretagne. Les premiers se spécialiseront dans les calculateurs de missiles (Plessis-Robinson) et les équipements de test (Bourges) tandis que les seconds se spécialiseront dans les technologies de liaisons de données embarquées sur les missiles (Stevenage et Bristol) et sur les actionneurs de gouverne (Stevenage).
 
Cette loi clarifie également l’épineuse question de la propriété intellectuelle. Elle précise en effet que les États ne pourront en aucun cas empêcher l’échange d’informations ou le transfert de droits de propriété intellectuelle entre les deux filiales de MBDA, sauf s’il existe « de sérieuses restrictions de sécurité nationale », précise Gautier. En outre, les États s’assureront que MBDA octroie à ses deux filiales une licence d’utilisation identique pour toute invention ayant fait l’objet d’un brevet. Enfin, ce texte servira de base à l’éventuelle intégration d’autres composantes de MBDA, telles que ses filiales allemande et italienne.

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