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Système de défense antimissile européen en Turquie : transfert de technologie et nouveaux marchés

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En ce début d’année 2018, Ankara confirmait son choix pour le savoir-faire européen en matière de défense antimissile et antiaérienne. Bien que soit acté l’achat du système S-400 russe, les Turcs ont besoin des Français et des Italiens pour maîtriser cette technologie de pointe. Entre le développement conjoint d’une nouvelle génération de missile sol-air et des opportunités d’exportation, la stratégie d’Eurosam pointe vers une relation de longue durée avec l’industrie de défense turque. 
 

Système SAMP/T et ses missiles antimissile Aster 30 (©Eurosam)

Système SAMP/T et ses missiles antimissile Aster 30 (©Eurosam)


 
L’industrie de défense turque est dynamique, et dans sa croissance, elle parvient à grappiller quelques parts de marché aux géants de la défense. Cependant, elle connait encore un grave retard technologique sur la maîtrise de certains systèmes stratégiques. Logiquement alors, elle souhaite profiter de l’acquisition d’un nouveau système de défense antimissile et antiaérienne en bénéficiant d’un transfert de technologie. C’est ce que proposait le consortium franco-italien Eurosam à l’inverse des industriels américains et leur système Patriot, la Turquie étant pourtant membre de l’OTAN.
 
Ankara n’achète pas à Eurosam (MBDA France, MBDA Italie, Thales) un produit sur étagère, comme Singapour a pu le faire en commandant l’Aster 30 SAMP/T auprès de MBDA, mais prévoit de développer conjointement avec Paris et Rome et des industriels nationaux (Aselsan, Rocketsan), un nouveau système antimissile. C’est en tout cas ce que soutenait cette semaine le sous-secrétariat turc aux industries de défense (SSM) dans un communiqué de presse. Selon l’agence qui s’efforce à répondre aux besoins de l’armée turque « en matière de système de défense aérienne longue-portée au moyen de solutions alternatives », « le partenariat conduit une étude de conceptualisation sur un système plus avancé que le système de défense aérienne SAMP-T. »
 
Appelé UMBHFSS (système de défense antiaérienne et anti-missile longue portée) dans le communiqué, le projet s’inscrit dans un programme « progressif », autrement dit, le chemin qu’il reste à parcourir est encore long. Surtout que le contrat d’étude qui doit être remis au SSM à la fin de 2019 ne débouchera pas obligatoirement sur une commande par Ankara : l’idée est d’abord d’analyser les capacités du SAMP/T actuel et de mettre à jour quelles pourraient être ses potentielles évolutions pour satisfaire aux besoins futurs de la Turquie, mais aussi de la France et de l’Italie. Cela ne semble pas gêner Rome, puisque selon l’ambassadeur italien, interrogé par le presse turque, ce partenariat est avant tout un moyen de se rapprocher de la Turquie.
 
« Heureux » de la prise de conscience turque « de la nécessité de développer un système qui puisse être pleinement intégré aux systèmes de l’OTAN », l’ambassadeur Luigi Mattiolo voit un avenir commun pour l’Italie et la Turquie. « Le gouvernement italien et les hommes d’affaires italiens comprennent que si nous voulons améliorer et développer les relations économiques avec la Turquie, nous devons aller bien au-delà de la logique d’un fournisseur et d’un client. Ce n’est pas un pays qui a besoin d’un projet entièrement précuit. » a-t-il indiqué. La logique italienne voudrait donc que la Turquie bénéficie du transfert de technologie européen pour que ses industriels puissent proposer à l’export, à terme, en partenariat avec les industriels italiens, de nouveaux produits. Un produit destiné à l’origine au marché turc « pourrait facilement aussi être vendu à des pays tiers, où l’Italie ou la Turquie ou les deux pourraient parfois avoir un meilleur accès » comme « sur les marchés du Caucase, de l’Asie ou de l’OTAN » a déclaré Mattiolo.
 
Pour rappel, Eurosam développe depuis deux ans maintenant le missile Aster 30 Block 1 NT, une version évoluée du missile qui permettra au système SAMP/T d’accroitre le périmètre du théâtre protégé au sol et d’augmenter ses capacités contre les missiles de moyenne portée (1300-1500 km). Rien ne dit si l’accord permettra à la Turquie de se joindre à ce développement, et donc à terme à la production et à la vente du futur système sol-air franco-italien, ou si c’est véritablement une (autre) nouvelle génération de missile qui sortira un jour peut-être des hangars d’Aleslan et de Rocketsan.

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