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Matériel militaire français à disposition de l’armée tchadienne

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Dans le cadre de la montée en puissance de la Force conjointe G5 Sahel, l’ambassadeur de France au Tchad, Philippe Lacoste, a officiellement procédé, à N’Djamena, à la mise à disposition de la dernière tranche des matériels destinés aux unités tchadiennes de la Force conjointe G5 Sahel.
 

Le Groupement Terre forme des instructeurs de l’armée tchadienne (photo : ministère des Armées)

Le Groupement Terre forme des instructeurs de l’armée tchadienne (photo : ministère des Armées)


La cérémonie de remise de matériel militaire français à l’armée tchadienne s’est déroulée le 30 avril dernier sur la base aérienne Sergent-chef Adji Kosseï de N’Djamena. Elle était présidée par Philippe Lacoste, ambassadeur de France au Tchad, et le général de brigade Michel Bardé N’Guinambaye, représentant le chef d’état-major général des armées. Etaient également présents, le directeur général des Réserves stratégiques, le général de division Oumar Deby Itno, ainsi que le représentant du commandant de la Force Barkhane, le colonel Régis Colombet.
 
Ce matériel est destiné à renforcer les capacités de l’armée tchadienne dans son engagement au sein de la Force conjointe du G5 Sahel pour lutter contre la menace terroriste au Sahel. Il consiste en dix mortiers de 81mm, cinquante jumelles de vision nocturne, deux cents gilets pare-balles et deux cents casques. Au total, les mises à disposition de matériel lancées depuis le début de l’été 2017 représentent neuf millions d’euros pour l’ensemble de la Force conjointe du G5 Sahel.
 
La France annonce qu’elle poursuit, par ailleurs, sa coopération bilatérale avec les forces armées tchadiennes dans le domaine des équipements, de la formation, de l’entraînement et du conseil. La force Barkhane appuie également les forces armées composant le G5 Sahel dans le cadre de la lutte contre les groupes armés terroristes, notamment au travers du partenariat militaire opérationnel, opérations coordonnées ou conjointes.
 
Un petit rappel concernant la Coopération de Défense et de Sécurité entre la France et le Tchad n’est pas superflu. Une dizaine d’officiers et de sous-officiers sous l’autorité de l’Attaché de défense (chef de la mission de coopération et de défense), mettent en œuvre les projets de coopération sur la base d’un partenariat avec les forces tchadiennes. Ces coopérants militaires sont ponctuellement renforcés de personnels en mission de courte durée. Les éléments de la Force Barkhane complètent ce dispositif de coopération grâce aux détachements d’instruction opérationnels ou techniques qui sont proposés aux forces armées tchadiennes pour des stages de formation ou de qualification. La coopération militaire du Tchad s’appuie également sur le soutien des Éléments Français du Gabon (EFG).
 
En 2017, ce sont plus de 100 militaires tchadiens qui ont bénéficié de formations (toutes spécialités) dans des établissements français, des écoles nationales à vocation régionale ou par le biais des détachements d’instruction opérationnelle. Un effort important est ainsi déployé pour l’apprentissage de la langue française, via les Centres d’Apprentissage de la Langue Française.
 
Le projet de réorganisation des forces armées a été conçu pour accompagner l’élaboration d’un système national de défense adapté, cohérent et efficace conforme au discours du Président de la République prononcé à Fada en janvier 2014. Ce projet « cadre » regroupe les domaines de la formation professionnelle et de la reconversion, de la formation des cadres et celui de la logistique-maintenance. Tout en assurant la coordination avec les autres projets, ce programme a pour but la restructuration et la modernisation des forces armées nationales tchadiennes. Axé sur l’amélioration de l’organisation interne du haut commandement et le conseil aux hautes autorités militaires, il vise à renforcer les capacités de commandement de l’armée nationale tchadienne (ANT). Il est également responsable de l’enseignement du français au profit des militaires non-francophones.
 
L’appui à la Direction Générale du Renseignement Militaire occupe une place importante dans la lutte contre les groupes islamistes actifs dans la région du Sahel. Créé en 2006, ce projet est destiné à appuyer la mise en place d’une structure cohérente, adaptée et évolutive conformément au souhait du Président de la République du Tchad. Son but est de centraliser le renseignement d’intérêt militaire au sein des Forces armées et de sécurité.
 
Initié depuis plusieurs années, le projet de coopération axé sur la logistique et la maintenance destiné dans un premier temps à soutenir la logistique nationale tchadienne a fusionné avec le projet de soutien des matériels automobiles. Il s’attache principalement à élaborer une charte opérationnelle de soutien des matériels automobiles. Dans ce cadre, le projet « établissement centralisé de reconstruction et de réparation automobile » (ECRA) doit apporter aux forces tchadiennes des capacités accrues de mobilité et de transport en rénovant le matériel dont elles sont dotées.
 
Le projet Formation des officiers et sous-officiers des Forces armées et de sécurité est centré sur la formation des officiers et des sous-officiers et sur l’intégration des différentes catégories de personnels dans un cursus de formation adapté au contexte général. Ce parcours inclut des phases pratiques par des actions bilatérales avec la force Barkhane et les Eléments Français au Gabon. La formation est la priorité de la coopération militaire française, afin que les personnels d’encadrement puissent donner le meilleur de leur potentiel.
 
Unité emblématique, la Garde Nationale Nomade du Tchad (GNNT) est une force de sécurité intérieure qui assure des missions de police rurale sur l’ensemble du territoire tchadien. Le projet de coopération avec la France a été relancé en 2007 sous l’impulsion du Président Idriss Deby Itno afin d’appuyer cette force de sécurité motorisée (sur pick-up), montée (à cheval) et méhariste (à chameau) en charge des zones rurales. Dans le cadre du projet, une quinzaine d’unités ont été réimplantées dans la partie sahélienne du Tchad et ont pour missions principales de participer à la protection des biens et des personnes dans les zones à très faible densité de population, de prévenir les désordres, de régler les conflits liés à la transhumance et de lutter activement contre le braconnage dans les parcs nationaux. La garde participe également à la surveillance des frontières du pays en patrouillant dans les zones désertiques difficiles.
 
Alors, tout est-il transparent dans les rapports militaires entre la France et le Tchad ? En février 2008, L’OBS avec Rue 89 évoquait un accord secret. Officiellement, la France et le Tchad sont liés par un accord bilatéral « d’assistance logistique et de renseignement » depuis des décennies. Les « africanistes », évoquait L’Obs, ont coutume de décrire le Tchad comme le coin supérieur droit du pré carré. S’il tombe, alors tout l’édifice s’écroule. Une vision un peu mécanique, mais qui a toujours inspiré les chefs des armées de la Ve République. Le Tchad fait en effet partie des premiers signataires des accords de défense ratifiés par la France dans la période des indépendances.
 
En 1976, sous l’impulsion de Valéry Giscard d’Estaing, les deux pays remplaçaient l’accord de défense par un accord de coopération militaire technique. La principale différence de ce type d’accord tenait au contenu de l’article 4, qui définissait le cadre d’intervention des forces françaises : « Les personnels militaires français servent dans les forces armées tchadiennes avec leur grade. Ils revêtent l’uniforme tchadien ou la tenue civile suivant les instructions de l’autorité militaire tchadienne. (…) Ils ne peuvent en aucun cas participer directement à l’exécution d’opérations de guerre, ni de maintien ou de rétablissement de l’ordre ou de la légalité. »
 
Depuis lors, la guerre internationale menée contre les divers groupes terroristes liés à la mouvance Al Qaeda (une nébuleuse non hiérarchisée et non coordonnée) et, plus tard, à Daesh a changé la donne. Il n’est vraiment plus nécessaire, ni même utile, de dissimuler l’aide militaire apportée aux pays africains lorsqu’il s’agit de lutter contre le fléau islamiste. Les deux parties sont demandeuses d’une efficacité maximale. Alors on ne va plus trop s’embarrasser de nuances administratives contre-productives lorsqu’il s’agit d’agir en urgence sur le terrain, n’est-ce pas ?

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