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L’industrie belge, grande oubliée du programme CAMO?

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Et si le programme CAMO, pendant belge du Scorpion français, était conclu au nez et à la barbe de l’industrie de défense belge ? Un scénario « tout simplement choquant », s’indignait hier Bernard Serin, patron du groupe belge CMI lors d’une conférence de presse à laquelle FOB était convié.
 

Les véhicules Griffon (gauche) et Jaguar (Crédit: Nexter/Renault Trucks Defense/Thales)

Les véhicules Griffon (gauche) et Jaguar (Crédit: Nexter/Renault Trucks Defense/Thales)


 
« Ne pas être impliqué dans ce programme domestique nous semble incongru », a-t-il déclaré. À l’instar de CMI, d’autres entreprise belges majeures, telle la FN Herstal, sont susceptibles d’être « oubliés » par le programme CAMO, au travers duquel l’armée belge souhaite acquérir 417 VBMR Griffon et 60 EBRC Jaguar pour un montant évalué à 1,1Md€. Malgré les prises de contact réalisées ces derniers mois, « l’industrie belge n’a aujourd’hui pas été conviée à ce programme », ajoute Bernard Serin, qui dénonce le choix d’« une solution de facilité » par les autorités belges. Car celles-ci veulent manifestement aller vite. Une première décision est attendue pour mars, en prévision d’une signature officielle dans le courant du mois de juin, nous confirme-t-on. Une « précipitation incompréhensible » pour un contrat de cet ampleur et qui laisse planer l’ombre d’un « jeu de billard dans lequel CAMO ne serait que la compensation d’un autre programme », nous explique Jean-Luc Maurange, ancien président de CMI Defence et nouvel administrateur délégué du groupe CMI.
 
Tourelles, formation et simulation : le portfolio CMI Defence est tout à fait intégrable au programme CAMO (Crédit: CMI Defence)

Tourelles, formation et simulation : le portfolio CMI Defence est tout à fait intégrable au programme CAMO (Crédit: CMI Defence)


 
Et pourtant, l’industrie belge ne manque pas d’arguments, à commencer par CMI Defence et ses tourelles, présélectionnées par les programmes CRADA et MPF de l’armée américaine. « Il est choquant que l’armée américaine retienne nos systèmes pendant que l’armée belge ne les considère même pas », tonne Bernard Serin. À l’instar des forces américaines, il serait pourtant logique que la Composante Terre devienne « une référence dans la promotion de produits CMI », précise-t-il. Intégrer l’industrie belge dans Scorpion permettrait également à ce programme de gagner une envergure européenne inédite dans l’armement terrestre. En n’invitant pas l’industrie domestique à la table des négociations, le gouvernement belge « coupe l’herbe sous le pied de notre implication dans la défense européenne », déplore Bernard Serin. Selon ce dernier, cette décision est « d’autant plus incompréhensible que ce type de véhicule peut tout à fait être exportable ».
 
D’autre part, CMI serait parfaitement en mesure de « compenser les compensations ». Près d’un tiers des 5546 employés du groupe travaillent désormais sur le sol français, dont 80 pour le subsidiaire local de CMI Defence, CMI Defence SA. Celui-ci emploie notamment 60 personnes sur son site de Distroff (Moselle), où sont assemblées les tourelles de 105 mm du contrat « AB » signé en 2014. « Il n’est pas exclu d’amener une nouvelle ligne d’assemblage en France dans le cadre d’un projet en cours », révèle Jean-Luc Maurange. De même, le groupe n’écarte pas la possibilité de s’investir à nouveau dans le rachat de Renault Trucks Defense si le groupe Volvo décide de relancer le sujet. L’entreprise liégeoise avait d’ailleurs marqué son intérêt bien avant l’officialisation du projet de revente, avorté en octobre dernier.
 
Du côté de la rue de Lambermont, le cabinet du ministre de la Défense, Steven Vandeput, est jusqu’à maintenant resté évasif, se contentant de préciser que le contrat n’a pas encore été signé tout en affirmant vouloir un retour économique « acceptable » pour les industriels belges.
 
En forte croissance depuis trois ans, le chiffre d’affaires de CMI Defence devrait accuser un léger tassement pour l’exercice 2017, essentiellement dû à des retards de livraisons dans le cadre du contrat « AB ». « Ce qui n’a pu être finalisé en 2017 permet à l’année 2018 de démarrer en fanfare », se félicite néanmoins Jean-Luc Maurange. Le carnet de commandes du groupe plafonne aujourd’hui à 1,19Md€. L’augmentation des cours du pétrole et des matières première, ainsi que des dépenses militaires en hausse « doivent nous conduire à une augmentation des inscriptions en 2018 », conclut Bernard Serin.

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