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La Défense allemande exige quelques milliards de plus

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Pour 2019, le ministère de la Défense d’outre-Rhin veut trois milliards de plus, pour 2020, quatre milliards, pour 2021, cinq milliards. S’attaquer aux graves défaillances d’équipement de la Bundeswehr, préparer la modernisation des forces, et se rapprocher de l’exigence des 2% du PIB pour la Défense, la ministre Ursula Von der Leyen en appelle au nouveau maître des finances allemandes, Olaf Scholz, pour débloquer les crédits nécessaires aux projets qu’elle défend. Si les négociations n’aboutissent pas, un ou deux programmes européens pourraient être menacés. Elle aura prévenu !

 

La ministre allemande de la Défense, Ursula Von der Leyen passant les troupes en revue (crédits : Bundeswehr)

La ministre allemande de la Défense, Ursula Von der Leyen passant les troupes en revue (crédits : Bundeswehr)


 
La semaine dernière la chancelière Angela Merkel était une fois de plus pressée par Donald Trump de faire respecter les engagements de l’Allemagne quant à l’OTAN : atteindre rapidement l’objectif minimum des 2% du PIB au profit de la Défense. Comme l’a relevé la presse internationale, si Emmanuel Macron eu droit à trois jours aux États-Unis, Merkel s’est vue accorder trois heures d’entretien avec le président américain. Trente minutes de la visite allemande outre-Atlantique furent consacrées à une réunion dans le bureau oval où Merkel pria Trump de ne pas se retirer de l’accord nucléaire iranien et de revoir les droits de douane sur l’acier et l’aluminium néfastes à l’économie européenne et aux bonnes relations. Pas vraiment impressionné, le président américain lui rétorqua que l’Allemagne ne respectait pas ses engagements vis-à-vis de l’OTAN, tandis que les États-Unis qui attendraient même « much more » que les 2%, portaient eux « un bien plus grand fardeau » que ce qu’ils devraient : « nous protégeons l’Europe et pourtant nous payons…beaucoup plus que quiconque ». La chancelière n’a pu se défendre qu’avec une promesse de 1,3 % du PIB de 2019 consacré aux forces armées, une augmentation certes, mais « probablement, du point de vue du président, pas assez rapide » a-t-elle admise.

 
Trump, pour qui les nations européennes ont la « responsabilité de contribuer correctement à leur propre défense » et de continuer leurs efforts, a été épaulé dans ce sens par son secrétaire d’État Mike Pompeo, chargé des Affaires étrangères, vendredi dernier lors d’une réunion des pays membres de l’OTAN à Bruxelles : « L’Allemagne ne prend pas en compte les obligations de décembre 2014 sur les dépenses de défense. » Le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, qui participait également à la réunion a lui déclaré que l’Allemagne « répondra à cette demande progressivement ». Actuellement, les dépenses militaires de l’Allemagne représentent 1,24% de son PIB ce qui a le don d’agacer Washington.
 
Déjà bousculé par Trump dès son élection, Berlin promet de faire augmenter ses dépenses considérablement. Selon les responsables des ministères des finances, le budget de défense doit passer de 38,9 Mds€ cette année à 43,9 Mds€ en 2022, soit une augmentation de près de 13%. Bien que la promesse est de taille si elle est respectée, cela restera très insuffisant, surtout si l’on s’intéresse à la cadence d’augmentation du PIB allemand qui surpassera de fait les efforts en matière de Défense. Si elle respectait les exigences de l’OTAN l’Allemagne devrait dépenser aujourd’hui 68 Mds €, alors d’ici 2022, quand le PIB aura augmenté, l’écart sera toujours aussi important.

 
Von der Leyen l’a bien compris, et même si elle ne doit pas penser en premier lieu aux pressions de Trump, mais avant tout à l’équipement de ses soldats, elle demande quelques milliards supplémentaires d’urgence. Aux 2,5 Mds € d’augmentation soumis par le Ministère des Finances – « insuffisante » compte tenu du besoin « massif » de moderniser la Bundeswehr – Von der Leyen veut 3 Mds € de plus. Outre les responsables de la trésorerie du pays, Von der Leyen aura la difficile mission de faire accepter de telles augmentations à l’ensemble des Allemands.
 

Surtout, et comme le souligne le Financial Times, ce différend sur les dépenses militaires sera également un premier test pour le nouveau gouvernement de coalition de Merkel. Effectivement, Ursula von der Leyen est une proche alliée de la chancelière au sein de l’Union chrétienne-démocrate allemande (CDU), tandis qu’Olaf Scholz est l’un des ténors du parti social-démocrate (SPD). De plus, cette nouvelle coalition « rouge-noire » est très critique sur les questions militaires (remise en cause des procédures européennes, limiter au maximum les déploiements à l’étranger, en finir avec l’exportation d’armement vers les pays du Golfee etc) et ne devrait donc pas prendre le parti de la ministre de la Défense.
 
Tableau (re)publié par le journal Deutsche Welle suite à la déclaration de Von der Leyen, qui démonte bien de l'urgence outre-Rhin

Tableau (re)publié par le journal Deutsche Welle suite à la déclaration de Von der Leyen, qui démontre efficacement l’urgence outre-Rhin


 
Si l’homologue de Florence Parly n’a pas ce qu’elle demande pour la Bundeswehr, un voire plusieurs programmes d’armement européens pourraient bien être directement menacés au vu des priorités nationales, c’est elle qui le dit. Si les négociations échouent elle devra « ajuster son plan de modernisation » en supprimant au moins « un grand projet international d’armement » en 2019, « aussi douloureux que cela puisse être ». Selon les informations exclusives de BILD am SONNTAG, la coopération sous-marine est la première menacée, et donc la livraison de sous-marins allemands à la Norvège. Déterminé, le ministère de la Défense veut faire pression sur les représentants du CDU et du SPD auprès du Comité du Budget du Bundestag. En fait, Eckhardt Rehberg et Johannes Kahrs représentent tous deux les Allemands du nord du pays et soutiennent donc les chantiers navals de TKMS qui s’y trouvent.
 

Deuxième programme visé par Von der Leyn, l’achat de six avions de transport Hercules C-130 qui doivent être déployés en France dans le cadre d’une brigade commune.

 

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