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IQDEX 2018 : un salon de défense irakien très fréquenté

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Alors que des opérations militaires s’y déroulent encore – et pour longtemps – contre des reliquats des forces de DAESH (pour ne citer qu’elles) réduites à se dissimuler dans population ou à s’exfiltrer du pays vers la Syrie et ailleurs, l’Irak attire de plus en plus de fabricants d’armement, tant avec un objectif commercial que pour positionner politiquement les pays exportateurs dans la région.
 

IQDEX 2018. L'Irak toujours en guerre attire de pus en plus d'exposants de matériel de défense (Source: IQDEX)

IQDEX 2018. L’Irak toujours en guerre attire de plus en plus d’exposants de matériel de défense (Source: IQDEX)


 
Lors de son discours à la cérémonie d’ouverture de la septième édition du salon international de défense IQDEX qui s’est déroulé du 10 au 13 mars à Bagdad, le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a déclaré que « Le terrorisme a pris fin militairement, et nous devons éliminer ses idéologies et sa méthodologie sectaire. Les armes dont nous avons besoin maintenant ne sont pas pour la guerre, mais pour la paix et la reconstruction « . Il a également promis de soutenir les forces de sécurité irakiennes afin qu’elles puissent continuer leur mission pour déraciner les cellules dormantes des terroristes de l’EI. « L’Irak a des besoins spéciaux pour sa sécurité, et nous avons une expertise dans la lutte contre le terrorisme et son élimination », a noté le Premier ministre irakien.
 
Vitrine emblématique de l’activité effervescente menée par les constructeurs, le salon de défense IQDEX est l’un des principaux dans la région MENA. MENA est l’acronyme de « Middle East and North Africa » (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Il désigne une grande région, depuis le Maroc jusqu’à l’Iran. Le MENA comprend plusieurs pays qui possèdent de vastes réserves de pétrole et de gaz naturel. Les pays du MENA détiennent environ 60 % des réserves mondiales de pétrole (810,98 milliards de barils) et 45 % des réserves mondiales de gaz naturel (2 868,886 milliers de Gm³) connues. L’importance d’un salon de défense en région MENA saute donc aux yeux.
 
L’environnement géopolitique et commercial est complexe : la Russie livre des chars T-90S à l’Irak qui étudie par ailleurs « sérieusement » la possibilité d’acheter aussi des systèmes de défense antiaérienne S-400. L’Iran a livré et continue de livrer des véhicules blindés, de l’artillerie et autres armements ; d’où sa participation, pour la deuxième fois, à IQDEX. Les Etats-Unis ont livré 115 véhicules tactiques (Medium Tactical Vehicle) Navistar Defense International 7000-MV, des systèmes de défense antiaériens Avenger (sur châssis Humvee) et 200 Humvee, sans compter les chars Abrams et autres matériels de tous types ; leur présence à IQDEX allait donc de soi. La France, elle, a déployé quatre obusiers automoteurs de 155mm sur roues Caesar ; d’où sa présence appuyée à IQDEX. Ce n’est certes pas son seul investissement dans la guerre antiterroriste mais c’est sans doute le plus visible.
 
Tout cela, c’est sans compter les Chinois (NORINCO), les Ukrainiens, d’autres grand pays et une multitude de plus petits constructeurs spécialisés en rétrofit et autres fabrications marginales parfois étonnantes. Tous sont désireux de placer leurs pions sur le marché irakien autant que dans la région quand ce n’est pas déjà fait. Au total, soixante-dix sociétés issues de dix-huit pays ont participé à IQDEX.
 
Plaçons ce salon dans son environnement géopolitique. L’État islamique a perdu le contrôle de ses territoires en Irak (ainsi qu’en Syrie). Aussi la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, annonçait-elle le 12 février que son pays changerait de soutien militaire aux forces armées irakiennes pour lutter contre l’État islamique en mettant l’accent sur les conseils, la formation, la logistique et l’assistance médicale.
 
Ce changement d’assistance est la réponse à la demande du gouvernement irakien, a déclaré von der Leyen lors de son voyage en Irak. L’EI (Etat islamique) en Irak et en Syrie ayant été vaincu militairement, les forces armées irakiennes doivent se réorganiser et ont donc besoin de conseils, de formation, de logistique et d’assistance médicale. « Tout le monde sait que l’EI a été battu, mais pas complètement vaincu », a déclaré von der Leyen. Il y a encore des poches de milices terroristes dans le pays. Cela signifie des nids de résistance épars de l’EI.
 
L’Allemagne soutient depuis longtemps la guerre contre « Daesh »: depuis le début de la guerre contre l’EI en 2014, l’Allemagne a fourni environ 1 milliard d’euros pour la coopération au développement et l’aide humanitaire.
 
Comme l’a rapporté l’agence de presse chinoise Xinhua, l’implication de l’Allemagne en Irak est axée sur la formation et le conseil des forces de sécurité kurdes et irakiennes dans la région d’Erbil, ainsi que sur la fourniture de matériel militaire. Actuellement, jusqu’à 150 soldats allemands sont stationnés pour former des soldats kurdes près d’Erbil, la capitale de la région du Kurdistan (ce qui irrite la Turquie). Les chasseurs-bombardiers allemands Tornado effectuent des vols de reconnaissance sur la Syrie et l’Irak depuis la Jordanie, comme d’autres alliés de l’OTAN.
 
Les mandats confiés par le Parlement fédéral allemand aux forces armées allemandes pour la lutte contre l’EI en Syrie et en Irak ne sont que dans quelques semaines. Dans leur accord de coalition conclu la semaine dernière, l’Union des Conservateurs et les sociaux-démocrates se concentreront sur le renforcement des capacités à l’avenir, y compris la formation et les conseils des forces de sécurité en Irak, et la Bundeswehr veut continuer à apporter sa contribution à la stabilisation de l’Irak. Voilà pour cet exposé centré sur l’action allemande en Irak.
 
L’Australie, dernier pays que nous mentionnons ici, n’est pas en reste. Selon le site australien Defense Business Review, l’armée australienne et le groupe d’acquisition et de maintien des capacités CASG, en charge de l’acquisition militaire, ont déployé un certain nombre de nouveaux véhicules légers protégés 4×4 Hawkei en Irak pour des essais opérationnels avec la Task Force Taji. Force d’entraînement militaire de la Nouvelle-Zélande située au complexe militaire de Taji au nord-ouest de Bagdad.
 
Bref, tout le monde – ou presque – veut vendre des matériels à l’Irak et dans la région, tout en utilisant le conflit en cours pour tester ces matériels et démontrer leur adéquation à ce théâtre d’opérations. Les Russes, eux, ont la Syrie pour tester ce qu’ils veulent vendre dans la région. De leur propre aveu, plus de 210 systèmes ont d’ailleurs bénéficié de ce processus.
 
Le chef de l’OTAN, Jens Stoltenberg,  a assuré, au cours d’une brève visite à Bagdad, qu’à la demande de l’Irak, les troupes de la coalition, resteront dans le pays : « Nous y sommes à la demande de l’Irak et non sans consentement ou son invitationNous n’y resterons pas plus que nécessaire. Nous entraînerons  les hommes aussi longtemps que  nécessaire pour nous assurer que l’Etat islamique ne ressuscite pas ».
Ces précisions surviennent, quelques jours  après  que  le Parlement irakien eut requis du gouvernement un agenda sur le retrait des troupes étrangères.
 
Le Premier ministre Haïder al -Abadi avait déclaré, en décembre, la fin de la guerre pour chasser l’Etat islamique (EI) et ses djihadistes, trois ans après qu’ils se furent emparés du tiers du pays, balayant les forces de sécurité irakiennes. « Le parlement irakien exprime sa gratitude envers tous les pays qui ont soutenu l’Irak dans sa lutte contre Daesch (EI) et demande au gouvernement d’établir un calendrier pour le retrait des troupes étrangères ».
 
Stoltenberg a reçu une « requête écrite » à ce sujet -, pour prolonger la présence des troupes de la coalition comprenant 19 pays qui ont renforcé la  formation dispensée dans différents domaines: « L’OTAN élargit ses formations pour y inclure celle sur les engins explosifs improvisés, la médecine militaire, la maintenance des équipements et autres compétences. Nous allons de même aider les Irakiens à mettre sur pied des écoles et académies militaires pour améliorer la capacité des hommes  à former leurs propres formateurs. »
 
Il a loué « la transformation phénoménale » des forces irakiennes depuis 2014, lors de l’offensive éclair de l’EI qui avait mis sous son contrôle de larges portions du pays: « Les forces en 2014 étaient totalement différentes et il y a eu une réelle transformation » a conclu le chef de l’OTAN.
 
Dans ce cadre géopolitique, le salon IQDEX a joué un rôle dont on ne mesure pas complètement la subtilité. A suivre, donc…

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