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Belgique : le Sahel pour principal théâtre d'OPEX en 2020

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Des Lynx et Dingo II du bataillon ISTAR de la Composante Terre déployé au Mali dans le cadre de la MINUSMA (Crédit: Bn ISTAR)

Des Lynx et Dingo II du bataillon ISTAR de la Composante Terre déployé au Mali dans le cadre de la MINUSMA (Crédit: Bn ISTAR)


 
Le déploiement dans les pays baltes étant désormais réduit au minimum, le Sahel deviendra le principal théâtre d’OPEX de la Composante Terre belge en 2020. Une vingtaine de missions y seront théoriquement accomplies l’an prochain, selon le cadre opérationnel de défense présenté en novembre aux députés belges.
 
À quelques exception près, la Défense belge assurera la continuité des opérations aujourd’hui en cours en Europe, en Asie et en Afrique. Les différents dossiers doivent progressivement être approuvés en Conseil des ministres d’ici la fin de l’année afin de garantir le statut des militaires déployés dans les opérations concernées. Dans sa globalité, le plan des opérations coûtera 72,3M € nets, dont 5,5M € alloués à l’externalisation de capacités médicales en soutien des détachements présents au Sahel.
 
Parmi les évolutions annoncées, la Composante Terre réduira drastiquement sa présence dans les pays baltes. Le dernier détachement déployé dans le cadre de l’enhanced Forward Presence (eFP) de l’OTAN, 260 militaires principalement issus du bataillon Libération-5e de Ligne de Bourg-Léopold (Limbourg), est rentré la semaine dernière de Lituanie et ne sera pas relevé. La Composante Terre ne conservera donc que quatre militaires sur le flanc oriental de l’Alliance atlantique, répartis entre les dispositifs eFP et Defence Capability Building. A contrario, la présence militaire belge au Sahel sera maintenue, voire ponctuellement renforcée, afin de répondre à la détérioration des conditions sécuritaires dans la région.
 
Tous pays et toutes périodes confondus, la Composante Terre est susceptible de déployer plus de 330 militaires au Sahel en 2020, sans compter les quelques dizaines de soldats détachés pour la protection des postes diplomatiques et des ressortissants belges. « Le déploiement dans ces zones résulte de l’évaluation de diverses demandes formulées explicitement par les Nations unies (Minusma), l’Union européenne (EUTM) et des partenaires bilatéraux, comme la France ou des pays de cette région (…), » précisaient le capitaine de frégate Kristof Van Belleghem, directeur Opérations Militaires auprès du ministre de la Défense, et le général-major Peter Devogelaere, chef de cabinet du ministre de la Défense, devant les députés belges.
 
« Ces opérations s’appuient souvent sur des opportunités modestes, le but final étant de renforcer la résilience et l’autonomie de ces pays. Plusieurs nouvelles missions de petite envergure ont ainsi été mises en place à partir de ce type d’opportunités, » ajoutaient alors les deux officiers. En toute logique, ce théâtre captera pratiquement la moitié de l’enveloppe prévue (32M €) dans le prochain budget de la Défense. Du Mali au Burkina Faso, rapide tour d’horizon des missions inscrites dans le calendrier 2020 de la Composante Terre.
 
Mali
 
MINUSMA : La Belgique maintiendra approximativement 120 militaires en contribution à cette opération de maintien de la paix lancée en 2013 par l’ONU. Cinq officiers du renseignement seront affectés au quartier général de Bamako tandis qu’un peloton mutlisenseurs du bataillon ISTAR, soit 65 militaires, seront intégrés à l’unité ISR allemande basée à Gao. Deux Mobile Training Teams d’une dizaine de militaires seront également mises à disposition de la MINUSMA pour former et entraîner les contingents africains participants. Le soutien sera assuré par une quarantaine de logisticiens.
 
EUTM Mali : Une quinzaine de militaires belges continueront de soutenir cette mission de formation amorcée en 2013 sous l’égide de l’Union européenne. De plus, un soutien ad hoc pourra également être apporté au développement de la Force Conjointe du G5 Sahel (FCG5S).
 
CSOJTF Takuba : C’est l’un des quelques dispositifs dans lesquels la Défense belge s’engagera pour la première fois l’an prochain. Trois militaires seront déployés durant toute l’année au quartier général de la future Task Force française à Gao, « afin de mieux comprendre la situation dans la région du Sahel mais aussi de stimuler et de compléter l’échange d’informations au profit des détachements belges déployés dans la région, » précise-t-on du côté du cabinet ministériel. Une posture limitée qui n’aura pas manquer d’étonner côté français au vu de l’expérience et des moyens dont disposent la Belgique. Cet effort est néanmoins susceptible d’évoluer par la suite. Ainsi, sur base des RETEX recueillis, la Défense pourra par la suite « mieux analyser les options pour un éventuel futur déploiement dans les années à venir. .
 
Niger
 
Approuvée à la mi-octobre par le Conseil des ministres, la prolongation et la consolidation de la mission belge d’entraînement et de formation permettra à la Défense « d’élargir son réseau et d’avoir une meilleure connaissance interdépartementale de la situation dans le Sahel et au Niger, » déclarait alors le gouvernement belge. La présence militaire belge pourrait atteindre jusqu’à 150 militaires dans sa globalité, en fonction des besoins en terme de formation. La continuité de la coopération avec l’état-major de la Défense nigérienne et les autres pays partenaires sera assurée par une Special Operations Forward Liaison Team. Dans les environs de Niamey, la Composante Terre continuera par ailleurs de fournir des formations tactiques aux unités de l’armée, de la gendarmerie et des gardes-frontières nigériens. À Maradi, le Special Operation Regiment (SORegt) assurera à nouveau une formation en faveur des unités d’interventions nigériennes. Inscrite dans le cadre plus large de l’opération New Nero, la Mobile Education & Training Team (METT) Maradi requiert le déploiement d’une quarantaine de paracommandos issus soit du 2e bataillon de commandos de Flawinne, soit du 3e bataillon de parachutistes de Tielen. La Belgique envisage également de collaborer à des projets concrets à définir avec d’autres acteurs, telle que l’Agence belge de développement (ENABEL), et de soutenir le développement d’un centre d’entraînement des forces spéciales à Tilia, dirigé par l’Allemagne.
 
Mauritanie
 
La Belgique y enverra 25 militaires à l’occasion de l’exercice multinational Flintlock 2020, organisé sur le sol mauritanien par le commandement des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM). Les activités préparatoires se déroulent pour l’instant au Niger. Flintlock est aujourd’hui le plus vaste exercice annuel dédié aux forces spéciales mené sur le sol africain. L’édition 2019, organisée en février au Burkina Faso, aura rassemblé 33 nations dont 16 africaines.
 
Burkina Faso
 
À l’instar du Niger, la Défense prévoit d’accroître la capacité opérationnelle des forces armées burkinabè en progressant dans la réhabilitation d’un centre de formation situé à Pô afin que celui-ci puisse évoluer vers un centre de perfectionnement régional. L’aide apportée par la Belgique avait déjà permis la réouverture, en octobre dernier, du Centre d’entraînement commando et de formation aux opérations spéciales (CEC-FOS) de Pô.
 
ENVR
 
En étroite collaboration avec la France, l’armée belge engagera trois instructeurs au profit des Écoles nationales à vocation régionale (ENVR) de Mauritanie, du Burkina Faso, du Niger, du Mali, du Bénin, de la Côte d’Ivoire et du Congo Brazzaville. Il existe 17 ENVR réparties dans 12 pays africains. Ces écoles thématiques visent à l’appropriation de savoir-faire et connaissances par le pays partenaire afin que ce dernier puisse ensuite entretenir ces nouvelles capacités par lui-même sur le long terme. Les formations dispensées s’étendent du maintien de la paix à la sécurité maritime, en passant par la lutte contre le terrorisme et la cybersécurité.

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