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SISPEO, discret architecte des véhicules « Scorpion »

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Si « SISPEO » évoque aux initiés un personnage central d’une célèbre franchise de cinéma (pour les autres, « 6-PO » est un fait partie de l’univers Star Wars), il en est tout autrement pour les militaires français. Derrière ce « SImulateur SPécialisé dans les Etudes d’Organisation d’Equipages » se cache en effet un système de simulation destiné à permettre aux forces armées de tester virtuellement les véhicules prévus par le programme Scorpion et présenté lors du voyage de presse pré-Eurosatory organisé cette semaine. Intégré en 2014 au sein du site de Bourges de la direction générale de l’armement Techniques Terrestres (DGA TT), SISPEO n’a pas été créé pour l’entraînement, mais pour éprouver l’interface hommes/machines et permettre aux futures unités « Scorpion » de préciser leurs besoins opérationnels. Et, à l’image de nombreux autres systèmes de Scorpion, SISPEO vit aujourd’hui son baptême du feu.
 

SISPEO repose sur le mur d'écrans et la quinzaine de postes du centre de commande...

SISPEO repose sur le mur d’écrans et la quinzaine de postes du centre de commande…


 
SISPEO repose sur un principe simple : au lieu de créer une série de prototypes coûteux, pourquoi ne pas les remplacer par leurs équivalents virtuels? SISPEO réunit donc deux cabines de simulation montées sur verrins, installées dans une salle de 600 m² et conçues par la société toulousaine OKTAL, liées à un centre de contrôle rassemblant une quinzaine de consoles de commande et un « mur d’écrans », nous explique le capitaine Christophe de la DGA TT. Cette salle de contrôle sert à la création, au suivi et à l’analyse des scénarios projetés en cabine. Les deux cabines reproduisent le poste de pilotage d’un véhicule militaire de Scorpion, avec son lot d’écrans, d’optiques et de joysticks. « Cinq cabines supplémentaires rejoindront Bourges en octobre ou novembre 2016, augmentant de facto la complexité des scénarios de combat collaboratif », nous a révélé le capitaine.
 
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Et les deux, bientôt sept, cabines de simulation représentant la cabine des futurs Griffon, Jaguar et Leclerc XLR du programme Scorpion


 
Après une première étape d’élaboration consistant à définir la mission, l’ennemi, l’environnement et les fonctionnalités du véhicule, la DGA TT passe à la délicate phase de configuration des logiciels. Celle-ci peut durer jusqu’à quatre mois pour un scénario complexe et deux mois pour l’évolution d’une mission précédemment réalisée. Si la définition et l’implémentation du scénario relèvent de la DGA TT et de la STAT (service technique de l’armée de terre), leur concrétisation est du ressort de cinq soldats français du rang, sélectionnés selon les disponibilités opérationnelles. Les chasseurs alpins de la 27e brigade d’infanterie de montagne, parmi d’autres, ont déjà apporté leur pierre à l’édifice. Durant deux semaines, près de 25 soldats, techniciens et ingénieurs répètent une vingtaine de fois la même mission.
 
Ce sont les réflexes, les réactions, les choix des soldats et, bien entendu, le résultat des scénarios qui permettront par la suite à la DGA d’améliorer la modélisation des véhicules lors de l’ultime phase d’analyse. Et de changer, entre autres, le positionnement des joysticks de conduite, des écrans, des caméras externes, des systèmes d’armes etc. « Les configurations sont infinies », précise le capitaine Christophe. Détail amusant, la DGA utilise également une série de caméras pour traquer le regard des pilotes et affiner davantage la configuration des véhicules.
 
Voici l'intérieur d'une cabine, modulable "à l'infini"

Voici l’intérieur d’une cabine, modulable « à l’infini »


 
Système unique en son genre, SISPEO est une étape essentielle avant la qualification des véhicules Jaguar et Griffon. Il a en effet déjà permis de valider le concept de protection collaborative et entre maintenant dans une phase de construction du modèle. Après cette première phase entièrement virtuelle, la DGA envisage déjà la simulation hybride, qui mettra en réseau SISPEO et des véhicules réels. « Un double défi pour la DGA », explique le capitaine Christophe, « car il s’agira de rendre compte du monde réel dans les simulateurs et de mettre en réseau ces derniers avec les véhicules réels ».

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