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Sir Nicholas Patrick Carter est l'avenir de la Défense britannique

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Changeons un peu de sujet, ne parlons plus d’armes, parlons plutôt de ceux qui les portent. Les contributeurs du FOB sont autant attachés à la personnalité des hommes et femmes du monde militaire, qu’aux politiques et technologies qui déterminent leurs actions, ainsi ils souhaitent leur accorder plus de temps. Aujourd’hui, découvrons le prochain chef d’état-major britannique, Sir Nicholas Patrick Carter, dont la nomination a été approuvée par Sa Majesté la Reine Elizabeth II.
 

Sir Nicholas Patrick Carter (British Army)

Sir Nicholas Patrick Carter (British Army)


 
Une première chose saute aux yeux lorsqu’on fait défiler les photos de Sir Nicholas Patrick Carter, général et chef d’état-major de la British Army pendant quatre ans, il semble extrêmement rusé! On dirait même malicieux. Sous sa casquette d’officier britannique à bandeau rouge ou son béret vert olive, Nick Carter, comme il est communément appelé outre-Manche, n’est pas sans rappeler un autre terrien, mais de chez nous, l’ex chef d’état-major Pierre de Villiers. Le regard gris et le sourire en coin de ces hommes nous rappellent qu’ils ont des idées plein la tête et que, malgré leur bonne humeur, jamais ils ne se laisseront marcher dessus par quiconque. La France comme la Grande-Bretagne ont connu des officiers à la carrure plus imposante, pourtant elles semblent s’attacher à ces hommes, les plus solides dans leur honneur.
 
Notre général britannique est probablement très attaché à la grandeur, lui qui est né au Kenya, à une époque où cette région était celle de l’Empire britannique. Aujourd’hui âgé de 59 ans, l’enfant de Nairobi a fait ses études à l’université de Winchester, chargée de plus de 600 ans d’histoire puis à l’académie militaire de Standhurst, passage obligé de tous les officiers de l’Army. Symbole d’un personnage tourné vers l’avenir mais passionné par l’Histoire, il intègre un régiment qui n’a que sept ans de moins que lui, les Royal Green Jackets. Ce régiment de fusiliers portant la croix maltaise sur le béret et leurs honneurs de bataille sur le bras est connu pour ses tireurs d’élites. Les troupes de choc à la devise latine Celer et Audax ont hérité des traditions de l’infanterie légère royale en Amérique et en France (leur date d’anniversaire est celle de la bataille de Waterloo) et sont connues pour faire, non pas 120 pas par minute, mais 140, pour atteindre plus rapidement la ligne de front, les tireurs hors pair pouvant rapidement faire basculer le cours d’une bataille.
 
(Rory Lewis Photography)

(Rory Lewis Photography)


 
Sur son compte Twitter de « père, mari et soldat fier », il était « honoré et touché » d’annoncer sa nouvelle nomination, son ultime nomination, à la tête des forces armées britanniques. « Avec les yeux de Wellington sur moi » a-t-il dit en faisant référence au buste du Duc fièrement installé dans le bureau de l’Army Board. Jeune sous-lieutenant à son arrivée au régiment en 1978, il sert avec lui en Irlande du Nord, en Allemagne et à Chypre. Dix ans après avoir été promu capitaine, il devient en 1994, assistant du chef d’état-major de l’armée de Terre. En 1998, il prend le commandement du 2nd Battalion, ses Green Jackets, et il est envoyé en Bosnie puis au Kosovo. Là-bas, il se retrouve au milieu d’un pont avec ses casques bleus à séparer Albanais et Serbes, chacun d’un côté et en gardera le sentiment d’avoir été « the meat in the sandwich. »
 
Après avoir alourdi son uniforme de ses nombreuses décorations, il est fait colonel puis prépare l’intervention en Irak en tant que brigadier. Arrivé là-bas avec la 20th Armoured Infantry Brigade à ses ordres, il prévient, il prévoit, les Britanniques pourraient bien y rester une décennie. En Afghanistan où il commandait la 6th Division pendant une année, il a été commandant adjoint de la Force internationale d’assistance et de sécurité en 2012. Deux ans plus tard, il devient Chief of the General Staff (CGS), l’équivalent donc, du chef d’état-major de l’armée de terre français (CEMAT). À ce poste, les choses semblent se compliquer, puisque la British Army voit une chute de ses effectifs, due aux coupes budgétaires mais aussi aux difficultés de recrutement. Pour autant, le général Carter a su démonter son abnégation (ses proches lui accordent également une « touche de génie ») puisqu’il sera dès cet été le nouveau chef d’état-major de la Défense (CDS pour chief of the Defence Staff), et donc l’homologue britannique du général Lecointre (CEMA).
 
(Salute My Job)

(Salute My Job)


 
Le futur CDS faisait déjà parler de lui en début d’année 2018, en intervenant publiquement pour défendre un budget crucial pour les forces armées de son pays, face à la politique de Philipp Hammond, chargé du Trésor. Les deux hommes se sont déjà croisés, puisque le Chancelier de l’Échiquier, était Secrétaire d’État à la Défense de 2011 à 2014. Dans un discours tenu devant le think tank RUSI il pointait la menace russe, étant « le défi sécuritaire le plus complexe et réel que nous ayons à affronter depuis la Guerre froide ». Rappelant que les Russes étaient engagés dans une modernisation agressive de leurs forces et qu’ils avaient su démontrer leurs qualités militaires en Syrie, son message s’adressait bien à Hammond pour exempter la Défense britannique des restrictions budgétaires si elle veut encore être capable de gagner des guerres: « nous devons prendre garde à ne pas tomber dans la complaisance, les parallèles avec 1914 sont forts (…) notre génération s’est habituée à choisir ses guerres depuis la fin de la Guerre froide. Mais nous pourrions ne pas avoir le choix d’être en conflit avec la Russie ».
 
Pour l’actuel Secrétaire d’État à la Défense, Gavin Williamson, la nomination de cet homme s’imposait : « en ce moment crucial pour la défense, alors que nous cherchons à renforcer nos forces armées face à l’intensification des menaces mondiales, je suis convaincu que le général Carter sera un chef d’état-major exceptionnel. » De son côté, Theresa May, « impressionnée » par le travail du général, parle d’un « excellent choix » : « je suis confiante que le général Carter apportera le même dynamisme à son nouveau rôle et j’ai hâte de travailler avec lui. »
 
Pour les analystes, c’est le judicieux choix d’un homme « moderne » (il a été l’un des architectes du plan Armée 2020) pour une armée qui doit relever le défi de la modernisation. Avant même son entrée en fonction, la Défense britannique a déjà gagné une victoire sur le budget, Theresa May annonçant ce 28 mars accorder un coup de pouce de 300M£ (342M€) pour le programme de sous-marins nucléaires (SNLE), crédits obtenus auprès de M.Hammond.
 

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