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Singapour, preuve que la taille ne compte pas

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À peine plus grand que le Territoire de Belfort, Singapour est pourtant un environnement très propice aux jeunes talents et aux entreprises de défense innovantes. Preuve en est avec la centaine d’industriels, laboratoires et universités locaux présentes la semaine dernière au salon Singapore Airshow 2018.
 
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Avec un budget doublé en vingt ans et avoisinant les 8,7Md€ en 2017 – le plus important de la région ASEAN -, ce petit poucet a dorénavant de l’ambition à revendre. Une tendance notamment due à la menace terroriste, à l’explosion de la piraterie maritime et à l’entraînement du million de conscrits susceptibles d’être appelés en cas de conflit. Mais l’heure est également au pragmatisme, Singapour privilégiant – sans surprise – les solutions jugées rentables en « travaillant avec l’industrie locale pour construire nos propres solutions, ce qui fut le cas avec le Terrex […] », déclarait récemment le ministère de la Défense singapourien. Si l’importation de systèmes étrangers, dont certains français, reste majoritaire, la mise en place d’un véritable « écosystème » liant étroitement utilisateurs, développeurs et producteurs joue en effet un rôle primordial dans le développement des capacités nationales de défense.
 
Une logique particulièrement profitable pour ST Engineering, géant local désormais aux portes du top 50 des plus grandes sociétés d’armement établi par le SIPRI en 2017 (1,69Md$). Loin de s’être limitée au Terrex, sa division terrestre, ST Kinetics, est maintenant axée vers le développement de systèmes autonomes dignes des meilleurs films de science-fiction. En cause : la baisse annoncée des conscrits suite à une évolution démographique négative, poussant l’industriel à investir dans les systèmes susceptibles de suppléer à la limitation du personnel mobilisé. Dernier exemple en date : SHADES, sans doute le premier micro-drone mû par la pensée.
 
Mais ST Engineering n’est que l’arbre cachant une forêt de petites sociétés et laboratoires extrêmement novateurs et soutenus dans leur croissance par les autorités singapouriennes. Entre facilités administratives et leviers fiscaux, les sociétés désireuses de développer, produire et commercialiser des systèmes de défense évoluent dans un environnement particulièrement favorable. « Il suffit de trois à quatre jours pour monter une société », explique Vincent Coutin, établi depuis plus de vingt ans à Singapour et co-directeur de la PME FlyIon. « Le gouvernement est très favorable à la constitution d’un savoir-faire local et soutient donc toutes les initiatives dans ce sens, suivant des procédures très précises mais rapides », ajoute-t-il. Son « bébé », le drone FL-18 FlyBorg est entièrement conçu pour répondre aux besoins spécifiques des pays de l’ASEAN, tels que la lutte contre les incendies, la surveillance des îles et les missions de sauvetage.
 

Le FL-18 FlyBorg de FlyIon

Le FL-18 FlyBorg de FlyIon


 
Cette prolifération de systèmes est également stimulée par une pépinière de jeunes chercheurs inféodés aux universités locales et autres laboratoires d’ingénierie. Autant d’organismes offrant une visibilité aux ingénieurs formés en leurs murs, notamment en fournissant gratuitement un stand lors des salons de défense. « L’occasion est double pour nous : présenter notre savoir-faire et attirer l’attention des industriels, susceptibles de financer la poursuite des recherches », nous explique Shane Kyi Hla Win, jeune doctorant en ingénierie mécanique au sein du Temasek Labs. Lancé en 2000 et depuis intégré à la prestigieuse Singapore University of Technology and Design (SUTD), ce laboratoire se concentre actuellement sur les problématiques liées aux drones, aux systèmes d’information, aux soldats du futur et autres technologies de pointe. Le projet « THOR », par exemple, vise à créer un drone capable de « passer du vol stationnaire d’un hélicoptère au vol horizontal d’un avion », se félicite Daniyal Sufyian Bin Shaiful, également doctorant pour le Temasek Labs. Et que dire de ce micro-drone monocoptère créé par Shane et dont le fonctionnement s’inspire directement de la samare de l’érable. Tous deux sont financés par le ministère de la Défense singapourien jusqu’en 2019.
Le micro-drone de Shane (SUTD), inspiré du fruit de l'érable

Le micro-drone de Shane (SUTD), inspiré du fruit de l’érable


 
Mais qui dit marché domestique limité dit forcément une politique d’export appuyée, entre autres, par à un nouveau fond gouvernemental doté de 452M$ (379M€) et lancé en 2017. Baptisé « International Partnership Fund » et géré par la société nationale d’investissement Temasek, ce programme est destiné à favoriser l’internationalisation des sociétés locales. Les PME ne sont pas en reste, avec le lancement d’un programme de 80M$ spécifiquement conçu pour aider les petites entreprises à intégrer les technologies digitales et les rendre plus compétitives sur le marché mondial.

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