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Non, Trump, la France n’est pas d’accord avec votre hégémonisme égocentrique !

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Le mardi 25 septembre, pour la deuxième fois depuis qu’il est président de la République, Emmanuel Macron a pris la parole devant l’Assemblée générale de l’ONU, peu après le passage – à la fois hilarant, consternant, et inquiétant – de « l’agent orange » qui occupe temporairement la Maison Blanche. Le président français, à l’instar du Premier ministre belge Charles Michel, de la chancelière Angela Merkel et de la Première ministre Theresa May, a sagement appelé à résoudre la crise iranienne par « le dialogue et le multilatéralisme », peu après l’incitation caractérielle de son homologue américain à isoler le régime iranien, incapable qu’il est de mesurer l’impact contre-productif d’une telle stratégie.
 

Emmanuel Macron et Donald Trump, désormais opposés sur la conduite à tenir à l'égard de l'Iran (Photo : IFMAT

Emmanuel Macron et Donald Trump, désormais opposés sur la conduite à tenir à l’égard de l’Iran (Photo: IFMAT)


 
Non, Monsieur le golfeur empêtré dans les scandales, vous ne paralyserez pas le monde à votre convenance avec votre hégémonisme égocentrique, dommageable et dangereux ! Comme l’a bien formulé Emmanuel Macron, « Cette voie, celle de l’unilatéralisme, nous conduit directement au repli et aux conflits, à la confrontation généralisée de tous contre tous au détriment de chacun, même de celui à terme qui se croit le plus fort ».
 
« Nous savons que l’Iran était sur la voie du nucléaire militaire, mais qu’est-ce qui l’a stoppé ? L’accord de Vienne de 2015 », a poursuivi le président Macron. Une allusion claire à la décision prise en mai par Donald Trump de quitter l’accord, le jugeant inopérant pour arrêter le programme nucléaire iranien. Trump, à la même tribune de l’ONU, avait préalablement lancé un appel à la communauté internationale à « isoler le régime iranien », dénonçant la « dictature corrompue » au pouvoir selon lui à Téhéran. Sortez vos mouchoirs, le Don Quichotte irréprochable part en croisade…
 
« Nous devons bâtir ensemble une stratégie de long terme pour la gestion de cette crise qui ne peut se réduire à une politique de sanctions » et de confinement de l’Iran, a affirmé Emmanuel Macron ce mercredi 26 septembre au Conseil de sécurité des Nations unies. « Nous conservons tous autour de cette table le même objectif: empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire », a poursuivi le président français.
 
Alors non, Trump, vous ne paralyserez pas le monde avec votre hégémonisme égocentrique, dommageable et dangereux, surtout pour des motifs de politique intérieure qui ne trompent que ceux qui veulent bien l’être ! Il convient que les dirigeants intelligents, eux, s’organisent pour paralyser et contrer les dérives de cet arriviste ignare, arrogant, versatile et autres défauts consternants.
 
Nous, gens érudits, avons parcouru un chemin pertinent. De 2003 à 2015, les relations entre l’Iran et la France avaient été fortement perturbées par le dossier nucléaire iranien. Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, la France avait pris des mesures très sévères contre l’Iran (dont la proposition du Président français d’imposer un embargo pétrolier européen à l’Iran). Pendant cette période, une multitude d’affaires avaient envenimé les relations bilatérales déjà très tendues (prises de position de Bernard Kouchner, attaques successives contre l’Ambassade d’Iran à Paris, etc.).
 
Mais à partir de la victoire de Hassan Rohani à l’élection présidentielle iranienne et le début d’une nouvelle phase dans les négociations nucléaires, les relations bilatérales sont entrées dans une nouvelle phase. La signature de l’accord de Vienne sur le Nucléaire iranien (JCPOA, Plan Global d’Action conjointe) entre l’Iran et les pays du groupe dit 5+1 (États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine et Allemagne), le 14 juillet 2015 (soit 300 ans après que le premier ambassadeur de Perse ait été reçu à Versailles par Louis XIV), a définitivement ouvert un nouveau chapitre dans les relations franco-iraniennes.
 
À partir de 2015, les relations ont été marquées par des déplacements politiques multiples et de haut niveau (Président du Sénat français, Président de l’Assemblée Nationale, des ministres français…) avec comme point d’orgue le déplacement en France du Président iranien en janvier 2016.
 
Avec la décision unilatérale du Président Trump de sortir de l’accord nucléaire et d’appliquer des sanctions contre l’Iran et toutes les entreprises européennes et françaises travaillant avec l’Iran (le principe inadmissible d’extraterritorialité des lois US), un coup d’arrêt a été porté aux développement des grandes entreprises françaises (et européennes) en Iran, ainsi qu’aux grands contrats qui avaient été signés entre les deux pays (Total, PSA, Renault, Airbus, ATR,…).
 
Néanmoins, Emmanuel Macron et l’ensemble des pays européens ont sagement décidé de préserver l’accord nucléaire de 2015. Par tous les moyens, ce qui n’est pas simple du tout. Cela implique de contrer les décisions égocentriques de Trump, notamment en remettant à jour et en appliquant autant que possible des directives qui empêchent l’application de lois et décisions de justice étrangères sur le sol de l’Union européenne.
 
Cette option impose un grand écart diplomatique car il existe tout de même d’importants désaccords politiques avec l’Iran dans d’autres domaines (capacités balistiques iraniennes, politique régionale de l’Iran, conflits en Syrie et au Yémen…): ce 26 septembre devant le Conseil de Sécurité de l’ONU, le président français a réitéré son appel à de nouvelles négociations sur l’encadrement du nucléaire iranien au-delà de 2025-2030, sur la question de l’augmentation par l’Iran de la portée et de la précision de son arsenal de missiles balistiques et sur la stabilité régionale. Il a notamment pointé les risques que représente l’accès du Hezbollah libanais et des rebelles Houthis au Yémen, tous deux soutenus par l’Iran, à des missiles. « Au Moyen-Orient, l’assistance balistique apportée au Hezbollah et aux Houthis constitue un développement nouveau et préoccupant. Elle doit cesser avant que ces entités ne déstabilisent plus gravement une région sous tension », a souligné Emmanuel Macron.
 
Mais bref, la conduite très dangereuse de Trump menace directement de considérables intérêts industriels et géopolitiques européens. En vertu de « l’effet papillon », qui peut prévoir ce qu’un accident survenant sur un terrain d’opérations éloigné pourrait engendrer comme effet domino ? Le premier, très pénalisant, se fait déjà douloureusement sentir : les prix du pétrole grimpent. D’où l’astucieuse mise en place d’un dispositif européen de troc pour contourner la politique de Trump en matière de quasi embargo pétrolier, ce qui fâche très fort l’agent orange précité. Mais ça, c’est un effet qui réjouit les Européens ! Terminons avec une cerise sur le gâteau : l’intérêt des Iraniens pour l’énergie nucléaire remonte aux années 1950. A l’époque, les Etats-Unis et Israël furent les premiers pays à encourager cette option… puis à effectuer des transferts de technologie. Le vent a tourné, dirait-on.

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