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Le fardier d’UNAC pour les forces spéciales et la brigade parachutiste françaises

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Tout le monde s’extasie devant les blindés, petits ou gros, en déversant des torrents d’éloges sur ce que leur armement et leurs équipements électroniques permettent d’accomplir sur le champ de bataille. Eh bien, cette fois, c’est tout à l’opposé de ces monstres de technologie extrêmement coûteuse que Forces Opérations a repéré un petit engin formidable… de simplicité, d’ingéniosité et d’efficacité.
 

Le fardier d'UNAC. 300 exemplaires équiperont les forces spéciales et la brigade parachutistes françaises à partir de 2021 (Photo : FOB).

Le fardier d’UNAC. 300 exemplaires équiperont les forces spéciales et la brigade parachutistes françaises à partir de 2021 (Photo : FOB).


 
Les forces spéciales et la brigade parachutiste française ont besoin d’un système de transport disposant d’une forte capacité de projection par vecteur aérien (aérotransportable, héliportable et aérolargable) avec une excellente mobilité et auquel puisse être attelée une remorque à grande capacité. Pour résumer le cahier des charges, le système assurera les missions suivantes : primo, il doit alléger le combattant débarqué sur n’importe quelle zone d’action, assurant le soutien au plus près des zones d’engagement sur des terrains jusqu’alors inaccessibles aux 4×4 classiques, les zones fortement enneigées devant malgré tout être exclues ; secundo, le système doit faciliter l’autodéfense des zones de déploiement ; tertio, il doit contribuer au déploiement rapide d’une capacité d’infiltration à rayon d’action limité par voie aérienne.
 
Les anneaux pour transport à l’élingue sous hélicoptère permettent des manipulations aussi rapides qu’aisées de l’engin. Il est également possible de charger le fardier à l’intérieur d’un NH90 mais pas sans quelques contorsions et moyennant l’abaissement de l’arceau de protection rabattable. Tiens, à propos, savez-vous combien coûte l’heure de vol d’un NH90 ? De 8.000 à 10.000 euros selon les coûts que l’on comptabilise ! Bien, revenons à nos moutons. Le système doit également faciliter la saisie rapide d’un terrain ; il doit aider au développement rapide de capacités tactiques d’appui complémentaire et de commandement ; il doit permettre le déploiement d’un soutien logistique de proximité et d’assistance aux dépannages de fortune ; enfin, il doit permettre l’évacuation rapide d’un blessé vers un lieu de prise en charge. Précisons d’emblée que, pour ce dernier point, le siège passager est rabattable, ce qui permet le placement d’une civière. Cela fait beaucoup mais c’est déjà ce que l’on exigeait en 1960 du tricycle à moteur deux temps inventé par la FN Herstal – l’AS24 et sa remorque qui constituait aussi sa plateforme de parachutage – pour le régiment para-commando belge. Rien de nouveau, donc.
 
Un rapide coup d’œil sur l’engin (sa remorque n’a pas encore été fabriquée mais correspondra au même souci de simplicité) suffit pour voir que des charges peuvent être arrimées tant à l’avant qu’à l’arrière. Prévu pour deux hommes, l’engin peut en accueillir davantage mais pas sur des sièges.
 
L’habitacle est protégé par un système d’arceau rabattable, fixé sur un châssis tubulaire mécano-soudé en acier. Un « ski » (en fait des plaques de protection) protège les soubassements de l’engin, lui permettant de cogner durement en tout-terrain mais sans offrir de protection anti-mine ou IED. Le véhicule peut accueillir deux mitrailleuses légères, du type FN Minimi ou MAG.
 
Question technique, une remarque préliminaire s’impose : l’engin a été conçu volontairement avec un souci d’éviter toute sophistication – surtout électronique – susceptible de donner lieu à des pannes et de rendre l’engin difficile, voire impossible, à réparer rapidement et aisément en opération. Il n’y a donc pas d’électronique, tout simplement. Exceptionnel, non ? Fiabilité est un maître-mot dans la conception du véhicule. D’où aussi le choix d’une motorisation totalement atypique pour ce type d’engin, un choix qui a certainement contribué pour une grande part à la victoire du fardier d’UNAC sur ses concurrents.
 
La principale originalité du fardier d’UNAC réside en effet dans sa motorisation : Kohler est un fabricant de moteurs industriels montés sur des groupes, d’où une réputation solidement établie de puissance et de fiabilité. Le moteur choisi pour animer le fardier est un 1.372cc qui, paradoxalement de prime abord, a été bridé pour ne développer que 35 cv (26 kW), ce qui est un rendement thermique bien faible pour un moteur de cette cylindrée. Eh oui mais c’est précisément le motif de ce choix : la puissance est faible mais le couple moteur est élevé, comme sur beaucoup d’engins industriels. Et le couple est plus important que la puissance en tout-terrain.
 
Le moteur est accouplé à une transmission hydrostatique identique à celle d’un tractopelle, engin de chantier soumis à de mauvais traitements permanents et amenés à effectuer des marches avant et arrière fréquentes, sans à-coups brutaux qui endommageraient la mécanique. Une accélération progressive sans à-coups constitue précisément une caractéristique de la transmission hydrostatique. Les choix de la motorisation et de la transmission ont ainsi permis de résoudre le problème des « mauvais traitements » inévitables en opérations militaires, surtout des forces spéciales. La boîte est à deux rapports – courts et longs – et un blocage de différentiel assure une aptitude à affronter pas mal de situations difficiles en tout-terrain. Superbe cocktail mécanique, Messieurs d’UNAC !
 
Le rayon de braquage est très court, ce qui facilite la circulation dans des environnements difficiles, surtout boisés. Cette qualité est encore accrue grâce au blocage indépendant de chaque roue et au système de frein moteur qui autorise même le franchissement de marches !
 
D’une manière générale, le ratio emport/dimensions est extrêmement flatteur : l’engin de 1,000 kg peut emporter une charge de 900 kg, soit presque le double de sa masse à vide. La remorque de 200 kg, elle, pourra transporter une charge de 350 kg.
 
A ce jour, seuls deux prototypes du fardier ont été construits à temps pour le salon Eurosatory 2018 : l’un est exposé sur le stand des Armées, l’autre sur celui d’UNAC (illustré ici). Les engins vont entamer une longue campagne d’essais, conçue pour représenter validement les divers théâtres d’opérations où sont couramment déployées les unités désignées pour recevoir le fardier. Il est prévisible que des modifications seront demandées à la lumière de ces essais. L’objectif est que les 300 exemplaires de fardier avec remorque commandés soient livrés aux unités en 2021.
 
Vu que « fardier » est un mot incompréhensible pour les anglophones, UNAC le présente sous le terme « Rider » en anglais, ce qui est plus parlant. Il serait étonnant – et décevant – que ce système ne séduise pas d’autres forces spéciales et aéroportées que celles de la France. Wait and see…

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