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La trottinette électrique, des trottoirs parisiens aux terrains de manoeuvre

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La trottinette électrique EZ Raider HD4 testée par la 11e brigade aéromobile de l'armée néerlandaise (Crédit photo: MATTY VAN WIJNBERGEN)

La trottinette électrique EZRaider HD4 testée par la 11e brigade aéromobile de l’armée néerlandaise (Crédit photo: MATTY VAN WIJNBERGEN)


 
L’image de ces deux élèves officiers de Saint-Cyr parcourant les rues de Paris sur une trottinette électrique après le défilé militaire du 14 juillet en aura fait sourire plus d’un. Des trottoirs parisiens aux terrains de manoeuvre, il n’y avait qu’un pas, désormais franchi en Europe. Un modèle « durci » de trottinette produit en Israël, l’EZRaider HD4, est en effet très sérieusement évalué par la 11e brigade aéromobile de l’Armée royale néerlandaise. 
 
Toute opération militaire induit la production d’un fond sonore caractéristique, entre le cliquetis des armes, les chuchotements des soldats et… le bruits des moteurs. À l’exception notable d’un éventuel coup de feu, les véhicules restent parmi les systèmes les plus bruyants, donc les plus susceptibles de compromettre la discrétion indispensable à certaines opérations. Du VTT électrique norvégien au démonstrateur VAB Mk3 Electer d’Arquus, les armées européennes rivalisent dorénavant d’imagination pour réduire l’empreinte sonore (et écologique) de leurs véhicules. Dernier exemple en date : la trottinette électrique EZRaider HD4 de l’Israélien DSRaider qui, après les armées israélienne et américaine, séduit maintenant l’armée néerlandaise.
 
Confiée au sergent Rik de la 11e brigade aéromobile, cette trottinette a d’ores et déjà arpenté de long en large les vastes étendues de la caserne d’Orange, à Schaarsbergen, révèle le journal néerlandais De Telegraaf. Et les premières conclusions sont dithyrambiques quant aux applications envisageables pour l’infanterie légère. « C’est le véhicule idéal à embarquer dans l’hélicoptère lorsque nous sommes déployés pour une mission, » explique le sergent Rik. « Nous parcourons les 10 ou 15 derniers kilomètres avec des sacs à dos de 40 à 50 kg. Si vous les placez sur l’EZRaider ou dans sa remorque, les troupes arrivent moins fatiguées à l’endroit où elles doivent se battre. Cela semble également être le véhicule parfait pour l’évacuation des blessés, l’approvisionnement des unités déployées en territoire ennemi et du personnel travaillant sur les zones d’atterrissage. Ceux-ci utilisent pour l’instant des motos qui tombent souvent à cause du souffle provenant des pales de l’hélicoptère, » ajoute le sous-officier.
 
Avant les Pays-Bas, l'EZ Raider HD4 est passé entre les mains des militaires israéliens (Crédit: DS Raider)

Avant d’arriver aux Pays-Bas, l’EZ Raider HD4 est passé entre les mains des militaires israéliens (Crédit: DS Raider)


 
Large de 70 cm pour un poids de « seulement » 95 kg, l’EZ Raider HD4 peut être replié pour gagner en compacité lors des phases de transport. Grâce à ses deux moteurs de 1200 W et une batterie de 3000 kW, il atteint une vitesse maximale de 70 km/h pour un rayon d’action de 80 km. Cette propulsion 100% électrique est totalement silencieuse et émet un rayonnement infrarouge limité, qu’il est possible de masquer en ajoutant des protections thermiques. Le tout concourt à faire de cette trottinette un engin « furtif » aux capacités appréciables pour des militaires rompus aux missions de reconnaissance ou d’approche d’objectif. Ses quatre roues tout-terrain à suspensions indépendantes offrent un surplus de confort appréciable sur de longues distances en terrain difficile. L’EZRaider HD4 est doté d’une capacité d’emport de 165 kg, et de 250 kg supplémentaires avec l’ajout d’une remorque. Soit suffisamment pour emmener un, voire deux soldats avec leur paquetage complet et laisser un peu de marge pour emmener du matériel spécifique aux besoins de la mission.
 
Mais la discrétion n’est pas l’unique facteur prioritaire pour les militaires bataves. À l’intérêt porté pour cette innovation correspond également une volonté de longue date de réduire l’empreinte carbone des véhicules militaires en étudiant des solutions de motorisations hybrides et électriques. Dès 2010, l’ex-ministre de la Défense néerlandaise, Jeanine Hennis-Plasschaert, amorçait une nouvelle stratégie pour réduire de 20% la consommation de combustibles fossiles des forces armées d’ici 2030, et de 70% d’ici 2050. Cette stratégie devrait prochainement faire l’objet d’une mise à jour. Les essais réalisés sur l’EZRaider HD4 ne sont que la première d’une série d’expériences menées par l’armée néerlandaise. Entre autres plateformes, cette étude prévoit la conversion vers une motorisation électrique d’un véhicule blindé 4×4 Fennek. Un projet ambitieux mais qui n’envisage nullement la reconversion des 360 Fennek actuellement en service. Il s’agit plutôt de prouver que ce qui se révèle aujourd’hui parfaitement réalisable avec une trottinette d’une centaine de kilos pourra l’être demain avec un véhicule de 11 tonnes. En espérant que, d’ici là, l’utilisation d’un tel engin dans un contexte militaire n’aboutisse pas au même chaos que celui vécu dans la capitale française, où ce nuisible à deux roues a déjà provoqué de nombreux accidents.
 

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