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Goa : paradis touristique, enfer pour un salon

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Defexpo, tenu pour la première fois dans la région de Goa et présenté jusqu’alors comme le « plus grand salon de défense d’Asie », serait-il, en fin de compte, un semi-flop ? En dépit de la participation annoncée sur le site web des organisateurs de près de 1 055 exposants issus de 47 pays, l’impact réel de cette 9e édition auprès du secteur « défense » semble avoir été particulièrement limité. Au point qu’après cette première visite de FOB en Inde, nous n’espérons qu’une chose : le retour de Defexpo à New Delhi.
 

Plages remplies, stands de salon vides : bienvenue à Defexpo 2016 (Crédit photo: FOB)

Plages remplies, stands vides : bienvenue à Defexpo 2016 (Crédit photo: FOB)


 
Certes, l’ampleur du marché indien justifie à lui seul la participation d’entreprises étrangères. Certes, l’impressionnant alignement de tentes d’exposition, le dispositif de sécurité, les visuels « Defexpo 2016 » visibles dans un rayon de 60km, rassurent de prime abord quant à la qualité de l’organisation. Et pourtant, après avoir passé le premier cordon de sécurité, le salon a déjà tout d’une coquille vide. Une lecture rapide de l’annuaire des exposants suffit pour comprendre qu’à peine 600 exposants ont réellement fait le déplacement.
Defexpo 2016, malheureusement déplacé au milieu de la campagne goanaise

Defexpo 2016, malheureusement déplacé au milieu de la campagne goanaise


Principale raison : les incertitudes quant à la localisation, voire la tenue même du salon. Habituellement organisé à New Delhi, Defexpo a cette année pris place en rase campagne à proximité du village de Naqueri-Quitol, lieu de naissance du ministre de la défense indien Manohar Parrikar.
 
Isolé et desservi par une unique route rapidement congestionnée, le nouveau site de Defexpo fut difficilement accessible en moins d’une heure de route. De quoi expliquer les allées clairsemées du salon, désertées par des délégations de militaires et de politiciens sans doute refroidis par la contrainte géographique. Un solide manque à gagner pour des industriels français boudés lors de la visite officielle de Parrikar.
 
Si une poignée de lettres d’intention et de protocoles d’entente ont été signés, Defexpo pourrait prochainement se targuer d’être le seul salon de défense de l’année 2016 dont n’aura résulté aucune commande réelle. Les nombreux salons B2B étaient d’ailleurs davantage remplis de militaires et de visiteurs fatigués que de commerciaux en négociations.
 
Difficile également, même pour un œil averti, de mettre la main sur une nouveauté. Aucun exposant, en dehors de Nexter [voir FOB du 4 avril], de quelques rares sociétés indiennes et du DRDO indien (Defence Research and Development Organisation), n’a dévoilé de nouvelles technologies.
 
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L’Arjun Mk2 tente de sauver le spectacle, gâché par des nuages de poussière (Crédit photo: FOB)


 
De même, les démonstrations de véhicules, organisées pour la première fois, laissent un goût de trop peu. La première sortie officielle du char de combat Arjun Mk2 fut rapidement occultée par les nuages de poussière, la mollesse du spectacle et un flagrant manque d’organisation de la part de la régie (un speaker qui disparait, entre autres !). Seul lot de consolation : la démonstration d’adresse des pilotes d’hélicoptères indiens.
 
Loin de la poussière, la patrouille acrobatique de l'armée indienne offre un beau lot de consolation aux quelques spectateurs (Crédit: FOB)

Loin de la poussière, la patrouille acrobatique de l’armée indienne offre un beau lot de consolation aux quelques spectateurs (Crédit: FOB)


 
Chose néanmoins agréable pour le journaliste habitué à arpenter les
La cuisine goanaise comprend beaucoup de plats à base de poisson

L’une des rares découvertes de ce salon: la gastronomie goanaise


salons durant de longues heures, Defexpo offrait à ses visiteurs des solutions originales pour se restaurer. Sortes de salons dans le salon, deux « food courts » auront au moins permis au curieux de découvrir, si ce n’est de nouvelles technologies de défense, un solide pan de la cuisine goanaise.
 
Nombreux sont les exposants français qui m’ont fait part de leur déconvenue, voire ont clairement regretté les éditions précédentes. Entre les tracas quotidiens, tels une climatisation capricieuse, l’absence de perspectives commerciales, et le durcissement annoncé des procédures « Make in India », un grand nombre de sociétés étrangères pourraient à l’avenir reconsidérer l’intérêt d’investir ce nouvel « Eldorado ».
 
Quant à l’installation permanente de Defexpo à Goa, le gouvernement indien semble vouloir enterrer la question jusqu’aux prochaines élections, prévues pour mars 2017, soit un an avant la 10e édition du salon…

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