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La coopération militaire entre la France et l’Albanie, ainsi qu’avec Chypre, fait l’objet d’accords intergouvernementaux passés inaperçus car ces deux pays ne font guère parler d’eux. Pourtant, à des titres géopolitiques différents, les enjeux sont importants, l’un en vertu de sa situation dans les Balkans, région toujours fébrile, l’autre en Méditerranée. Ils ont d’ailleurs fait l’objet du Rapport n° 224 (2018-2019) de M. Rachel Mazuir, fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, déposé le 19 décembre 2018. Jetons-y un œil !
 

La Ministre française de la défense Florence Parly et son homologue chypriote Christoforos Fokaides (Source : Ambassade de France à Chypre)

La Ministre française de la défense Florence Parly et son homologue chypriote Christoforos Fokaides (Source : Ambassade de France à Chypre)


L’accord intergouvernemental signé avec l’Albanie le 28 mars 2017 est issu de la rénovation du cadre juridique de la coopération de la défense française avec les Etats d’Europe centrale et orientale (Slovaquie en 2009, Serbie en 2011 et Croatie en 2013). Suite à leur pré-adhésion à l’UE, la France a proposé à l’Albanie la négociation d’un renforcement du niveau de coopération entre les deux pays (défense et sécurité en Europe et dans les Balkans, formation des personnels civils et militaires, gestion des ressources humaines de la défense, histoire militaire, sport militaire, …) et de l’octroi d’un statut protecteur réciproque aux personnels en mission sur le territoire de l’autre Etat (SOFA OTAN).
 
L’Albanie participe déjà à de nombreux programmes de coopération internationale et européenne, comme par exemple l’initiative adriatique-ionienne (ADRION) et est également membre de l’OTAN depuis 2009. L’Albanie peine cependant à satisfaire les exigences de l’OTAN avec seulement 1% de son PIB alloué à la défense et un équipement militaire (soviétique et chinois) vieillissant.
 
La France et l’Albanie tendent à renforcer de plus en plus leur coopération en matière d’aéromobilité, de contre-terrorisme, d’espaces maritimes ou encore de valorisation de la mémoire commune (commémorations de la Première guerre mondiale). Ces intérêts communs devraient également être renforcés cet été par l’ouverture d’une mission de défense en résidence à Tirana.
 
Ce premier accord bilatéral (France – Albanie) permettra donc, dans un premier temps, de renforcer une coopération nécessaire avec les pays des Balkans, où la stabilité est de plus en plus précaire, permettant notamment une meilleure évacuation des ressortissants si cela venait à être nécessaire. Dans un second temps, cela devrait également avoir un impact bénéfique sur la vente d’armement français vers ce pays. Dans cette région, l’essor de la menace terroriste causée par un islam radicalisé inquiète lui aussi la France et les autres puissances étrangères. La coopération en matière de gestion des renseignements et de contre-terrorisme est donc elle aussi en voie d’être davantage développée entre les gouvernements français et albanais.
 
L’accord intergouvernemental signé avec Chypre le 4 avril 2017 est, quant à lui, destiné à remplacer un précédent accord entre les deux pays, daté du 28 février 2007. Cet accord vise à étendre les champs de la coopération bilatérale de défense à l’échange d’expérience dans les domaines de la sécurité énergétique, de la sûreté maritime, de l’alerte précoce, de l’évacuation des ressortissants, ainsi que de la gestion de crises. Il tend également à développer du soutien logistique aux forces armées. De plus, il accorde un statut protecteur réciproque aux personnels en mission sur le territoire de l’autre Etat (SOFA OTAN).
 
Chypre évolue dans un climat géopolitique houleux, se retrouvant toujours sous enclave turque (depuis 1960), laquelle laisse plus de 30.000 hommes sur le territoire chypriote de manière permanente (opération Attila entrée en vigueur en 1974). Pour contrer ce joug turque, Chypre s’est rapproché de différentes nations dans le cadre de multiples accords bilatéraux conclus avec ses alliés dont font partie la Grèce (doctrine de défense commune incluant l’île de Chypre dans un espace hellénique de défense), la Russie (affinités orthodoxes menant à de nombreux investissements financiers russes à Chypre), l’Egypte et Israël (coopération économique, scientifique et accords de défense).
 
La France est le second partenaire militaire de Chypre, juste derrière la Grèce, et maintient une présence militaire sur son territoire (à la demande du gouvernement chypriote) afin d’intervenir politiquement auprès de la Turquie si un conflit venait à éclater. Leur coopération s’axe avant tout sur la formation et l’entraînement du personnel, l’organisation d’exercices maritimes, l’entraînement des forces spéciales et la formation de nouveaux officiers chypriotes.
 
Ce second accord bilatéral (France – Chypre) s’avère donc lui aussi primordial, étant donné le contexte politico-militaire tendu entre les gouvernements turc et chypriote. Ces accords apparaissent également comme un point d’ancrage garantissant le libre accès à la Méditerranée orientale nécessaire au maintien de la présence française dans cette zone.

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