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FOB interview: Amiral Jean-Pierre Tiffou, MBDA

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Jean-Pierre Tiffou, conseiller défense du président de MBDA (Crédits: Nexter)

Jean-Pierre Tiffou, conseiller défense du président de MBDA
(Crédits: MBDA)


En cette période de risques budgétaires sur la Loi de Programmation Militaire (LPM), FOB interroge aujourd’hui l’Amiral Jean-Pierre Tiffou, conseiller Défense du Président de MBDA, et vous propose un focus sur la filière missile et les conséquences que pourraient avoir d’éventuelles coupes budgétaires sur cette activité.
 
 
Que représente la filière missiles en France en terme d’activité et d’emplois?
La filière missile en France, c’est 9000 personnes dont 4500 chez MBDA France, ainsi qu’une importante base de fournisseurs, principalement des ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire)et des PME. Cette dernière compte 300 fournisseurs d’équipements ; 1000 fournisseurs d’approvisionnement de production et 1200 fournisseurs pour le fonctionnement.
La filière missile participe au fondement de la souveraineté grâce à la pleine maîtrise des effets militaires ainsi qu’une matrice d’exportation, en lien avec les plates-formes. Sur les 4 milliards de prises de commandes du groupe MBDA en 2013, 55% correspondent à des commandes export représentant 2.2 milliards d’euros.
 
L’actuelle LPM a-t-elle impacté votre activité ?
La filière missile existe grâce aux investissements consentis par l’Etat. Or, sa commande s’est notablement réduite. Dans la décennie 2000, l’Etat a commandé en moyenne chaque année 770 millions d’euros. Les arbitrages de cette LPM réduisent cette commande annuelle à environ 500 millions d’euros ce qui correspond à une rétraction de 35 % et d’environ 40 % si l’on considère l’inflation relativement à la décennie 2000.
 
Comment cela s’est concrètement traduit pour votre activité?
Le long travail conduit pendant l’élaboration de la LPM a permis de préserver l’avenir en réduisant fortement la production pour lancer les nouveaux programmes attendus par les forces et conserver l’activité des bureaux d’études. La production a été réduite de plus de 40%. Grâce à ces efforts et en redoublant d’ambition à l’export, il est espéré que la filière puisse être pérennisée.
Mi-2011, une baisse d’activité avait été anticipée lors d’un exercice relatif aux orientations de la filière missiles. Tablant sur une réduction de la commande globale d’environ 20%, une réduction progressive de 400 emplois équivalents temps plein chez MBDA et autant dans la base fournisseurs (800 postes au total) avait été décidée. Le tout sans plan social en ne remplaçant pas tous ceux qui partent en retraite.
Les conclusions de la LPM ont pour effet de réduire encore les ressources humaines : 500 départs s’ajoutent à ceux qui avaient été envisagés, dont 200 pour MBDA.
Il est espéré que l’accroissement des commandes à l’export pourra compenser la baisse d’activité pour éviter cette nouvelle réduction. Cet objectif est d’autant plus ambitieux que de grands espoirs ne se sont pas encore concrétisés, on peut citer à ce titre le cas de l’Inde.
 
Quels risques pèsent en cas d’une nouvelle réduction budgétaire ?
Si maintenant il fallait encore réduire l’activité, et remettre sur le métier l’ouvrage, il faudrait envisager d’autres perspectives. Il est certain que le fragile équilibre difficilement construit serait rompu. La situation ne serait plus gérable, ce qui ferait peser une lourde menace sur l’emploi, et notamment en région centre.

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