De la mer à la terre

Comme nous l’écrivions l’autre jour, il y avait du matériel présenté au salon Euronaval la semaine dernière de nature a susciter l’intérêt des forces terrestres. Citons, entre autre, l’EDA-R (Engin de Débarquement Amphibie « Rapide »).
 

 
Bien qu’ils ne soient pas nouveaux – des quatre commandés, le dernier fut livré en 2013 -, ces EDA-R et leurs bateaux-mères, les bâtiments de projection et de commandement (BPC) de la classe Mistral, sont actuellement en cours de modification afin de tenir compte des leçons apprises au cours des opérations menées jusqu’à ce jour. Et celle tout particulièrement, qu’il est difficile par mauvais temps d’embarquer un navire de 12,6 m de large par 30 m de longueur dans un BPC sans cogner et les flancs de l’EDA-R et l’entrée du radier. Il a donc été décidé d’enlever la protection en bois à l’entrée du radier pour le remplacer avec du caoutchouc épais, et de couvrir les flancs en aluminium fragile des EDA-R avec une « protection plus épaisse et plus absorbante en terme de chocs »,… en d’autres termes : du caoutchouc !
 
Le Dixmude est le premier des trois BPC à subir ces modifications. Les travaux ont eu lieu en février et mars dernier et le BPC a été testé en avril. Le résultat est « très bien », d’après le membre d’équipage avec qui FOB a discuté sur le stand du Ministère de la Défense au salon Euronaval.
 
Les vérins hydrauliques ont aussi été changés, ceux d’origine n’étant pas assez solides. « Nous ne constatons désormais plus aucune panne qui nous laisse en carafe », constatait ce membre d’équipage en souriant.
 
Deux EDA-R peuvent se caler un derrière l’autre dans le radier du BPC. Le concept opérationnel repose sur un EDA-R fonctionnant en coordination avec deux CTM, la prochaine génération d’engin de débarquement amphibie actuellement à l’étude et dont la livraison est prévue pour 2018/19. Ces bateaux pourraient potentiellement être de la même longueur que l’EDA-R mais seront plus étroits, de sorte que deux engins de ce type pourront se placer côte à côte dans les 885 m2 du radier d’un BPC.
 
L’EDA-R peut transporter jusqu’à 100 tonnes de matériel, soit l’équivalent d’un char Leclerc ou de trois VBCI, ou de six VAB et leurs équipages, ou encore un peloton de l’armée de Terre ou 450 personnes. Son pont de 126 m2 est accessible via un système Ro-Ro  « ce qui est beaucoup plus pratique, notamment avec des remorques, car on monte par une porte et on sort par l’autre ce qui évite l’obligation de manoeuvrer comme on doit le faire sur les bateaux amphibies munis d’une seule porte », expliquait le membre d’équipage.



 
La rampe avant de l’EDA-R est constituée de deux segments indépendants large de 2,25 m et longs de 4 m. La rampe arrière est similaire sauf qu’elle est longue de 7,75 m. « Cela signifie qu’en 2015 lorsque nous avons utilisé cet engin pour évacuer des ressortissants occidentaux du Yemen, nous avons pu atteindre un quai haut de 3 m », nous précisait le membre d’équipage.
 
Le navire dispose d’une cabine de quatre couchettes et d’un petit mess équipé d’un four à micro-ondes, d’un frigo et d’un évier, suffisants pour soutenir un équipage de sept personnes durant 36 heures. Bien que la mission principale de l’EDA-R soit de transporter les forces terrestres du navire vers le rivage lorsqu’il n’existe pas d’infrastructures portuaires, l’EDA-R a été conçu pour supporter un état de mer 5 (hauteur de vagues de 2,5 à 4 m) « bien que cela devienne inconfortable à bord à partir d’un état de mer 4 (hauteur de vagues de 1,25 m à 2,5 m) ».