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Cinq questions défense à Benoît Hamon

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Benoît Hamon, candidat du Parti Socialiste à l'élection présidentielle 2017

Benoît Hamon, candidat du Parti Socialiste à l’élection présidentielle 2017


Benoît Hamon nous a envoyé ses réponses aux cinq questions concernant leur positionnement vis-à-vis de l’armée de terre et de l’industrie de l’armement de terrestre que nous avons posées aux 11 candidats à l’élection présidentielle.
 
1) Dans un contexte budgétaire contraint, jusqu’où peut-on consentir à un effort pour le budget de la défense ?
Compte-tenu de l’environnement stratégique dégradé auquel sont confrontés la France et l’Europe, un effort sensible en faveur de notre défense est nécessaire. Comme le chef d’état-major des armées, le général De Villiers, je pense que le niveau de cet effort doit être porté à hauteur de 2% d’ici la fin du prochain quinquennat si l’on souhaite conserver la cohérence de notre modèle de défense. Le budget, qui est pour 2017 de l’ordre de 32,7Md€ (hors pensions) devra donc être augmenté d’environ 2Md€ par an si l’on sou haite atteindre cette cible.
Par ailleurs, je note que l’interpénétration des problématiques de sécurité intérieure et extérieure est de plus en plus forte. Elle justifierait selon moi d’adopter au sein d’une loi d’orientation, les budgets de la défense et de la sécurité. Ainsi, les budgets affectés à ce continuum de sécurité pourraient atteindre à terme 3% du PIB. Cela permettra d’allouer les moyens nécessaires tout en s’autorisant une forme de souplesse dans l’augmentation des ressources budgétaires. Notre modèle de défense, qui a prouvé sa pertinence au long cours, doit être pérennisé dans ses composantes, à savoir, outre la protection de nos territoires, la dissuasion nucléaire dont les éléments seront renouvelés et notre capacité à entrer en premier sur un théâtre.
 
2) Est-ce le rôle de l’armée d’entreprendre des opérations de type Sentinelle ?
Dans un premier temps et parce que nous étions dans l’urgence, il était nécessaire que nos forces armées participent à la sécurisation de certains sites et assurer la sécurité de nos concitoyens. D’ailleurs, cela entre dans le cadre de ce que l’on appelle des opérations intérieures. La pérennité de cette opération, dont j’ai conscience qu’elle mobilise hommes et unités plus que de raison, doit être débattue à l’aune du contexte mais aussi des solutions de substitution, car la France ne saurait baisser la garde face à la menace terroriste qui pèse sur ses intérêts, son territoire et nos concitoyens.
Se pose aujourd’hui la question de sa pérennité. Celle-ci doit être décorrélée de l’état d’urgence. Je propose que les missions assumées par les militaires de l’opération Sentinelle soit reprises de concert par les forces de sécurités, la police et la gendarmerie, dont les effectifs doivent être renforcés et la Garde nationale qui doit connaitre une montée en puissance dans les années à venir. Cela permettra de desserrer l’étau de la surchauffe des effectifs que subissent nos armées.
 
3) Pensez-vous que l’armée de terre soit suffisamment équipée ?
Le problème n’est pas tant une question de quantité que la sur-sollicitation des systèmes d’armes qui fait que leur disponibilité baisse. Les contrats opérationnels fixés par le Livre blanc ont été dépassés à hauteur de 30% avec la multiplication des opérations, le potentiel qui est consommé aujourd’hui ne pourra évidemment pas l’être demain et l’effort en matière d’entretien programmé des matériels engagé pendant ce dernier quinquennat devra ainsi être accentué. Ensuite, j’ai bien identifié l’ancienneté de certains de nos matériels, tels le VAB, ainsi qu’une faiblesse devenue structurelle en matière d’aéromobilité.
Donc la modernisation des blindés de combat (Scorpion) et une meilleure disponibilité des hélicoptères de nouvelle génération participeront de mes priorités pour les forces terrestres. Comme annoncé à Strasbourg, je souhaite notamment augmenter notre parc de NH90 Caïman de quinze à vingt unités supplémentaires.
 
4) Comment peut-on faire monter en puissance notre BITD ? Les cas de MBDA et Nexter sont-ils des exemples à suivre selon vous ?
La France possède l’une des BITD les plus complètes en Europe et dans le monde. Maintenir ce tissu industriel à haute valeur ajoutée suppose que soient d’ores et déjà identifiés les besoins capacitaires de demain. C’est la raison pour laquelle l’effort entrepris en matière d’études et développement doit être notablement accru. J’augmenterai l’enveloppe dédié de près de 300 millions, afin que l’effort en matière de R&D atteigne un milliard d’euros par an.
Deux exigences dans les années qui viennent pour maîtriser les coûts de nos équipements futurs doivent être respectées : la conservation de notre supériorité technologique qui doit rester au service de nos forces et non l’inverse ; une maîtrise des coûts afin d’éviter cette tentation qui privilégierait les équipements d’une sophistication extrême ne répondant pas à un besoin opérationnel bien précis, le tout au détriment des ressources humaines. Il nous faut également intégrer la contrainte environnementale dès la conception des systèmes d’armes, afin de les rendre plus efficients, moins énergivores et moins coûteux à utiliser et à démanteler, et donc plus autonomes et plus attractifs à l’exportation. J’insiste aussi sur le caractère dual, civil et militaires, des technologies et sur l’importance de mettre en valeur cette dimension. Cela veut dire mettre l’accent sur les technologies de rupture : intelligence artificielle, robotisation, numérique, cyber.
Je souhaite par ailleurs renforcer la coopération européenne dans ce domaine par le biais d’un accroissement du budget confié à l’Agence Européenne de défense, appuyé la création d’un fonds européen de défense prévu dans le prochain budget communautaire. Cette politique doit évidemment s’articuler avec le grand mouvement de recomposition que connait aujourd’hui le secteur industriel dont Nexter et MBDA sont emblématiques. Il serait souhaitable que le secteur de la construction navale militaire entame également sa mue pour faire face à une concurrence de plus en plus intense.
 
5) Si vous arrivez à la Présidence de la République en 2017, en tant que chef des armées, quelles seront vos trois priorités en matière de Défense ?
Le plus urgent, comme cela a été souligné plus haut, est l’augmentation de la disponibilité de nos matériels et l’entrainement de nos militaires afin que ceux-ci puissent accomplir leurs nombreuses missions dans de bonnes conditions.
Je souhaite également que soit fléché comme une priorité le suivi des grands programmes d’équipements qui manquent cruellement : je pense au programme SCORPION, à un parc d’hélicoptères rénové pour l’armée de terre, mais aussi les MRTT pour relever nos ravitailleurs C 135F à demi-centenaire et accélérer le programme naval BATSIMAR afin que nous ne laissons pas en déshérence la sécurisation de nos zones économiques exclusives.
Enfin, c’est la modernisation des deux composantes de notre dissuasion nucléaire afin que celle-ci demeure crédible au-delà de 2040. Cela supposera de doubler le budget dédié d’ici à 2022. Je m’engage à prendre, sans avoir la main qui tremble, les décisions la concernant dès le début du quinquennat, car il s’agit là de l’assurance-vie de notre indépendance nationale.

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