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CaMo: quid du volet industriel ?

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Désormais sanctionné par le Parlement français, le projet de loi relatif au programme CaMo devrait être promulgué d’ici peu par le président de la République. Suivra ensuite sa publication au Journal officiel, préalable obligatoire à la notification du contrat par la DGA au maître d’oeuvre désigné, Nexter. En attendant ladite signature, retour sur le montage industriel envisagé pour le « Scorpion belge ».
 

(Crédit: Arquus)

(Crédit: Arquus)


 
Les dates et chiffres essentiels sont connus: d’ici 2030, la Belgique prendra livraison de 382 VBMR Griffon, 60 EBRC Jaguar et des systèmes associés pour un montant d’1,5Md€. Un financement réglé au travers de versements anticipés sur un compte hébergé en France par la Caisse des dépôts et consignations (CDC). La BITD française commencera à produire les véhicules CaMo vers 2023, avec un pic de production attendu pour 2027 en raison de la superposition des commandes belges et françaises. Selon le plan de livraison provisoire pour 2018-2028 établi par Nexter, les 31 premiers Griffon belges seront livrés en 2025, suivis en 2026 par les six premiers Jaguar.
 
« Pour des entreprises qui, comme Nexter et Arquus, doivent réaliser plus de 50% de leur chiffre d’affaires à l’export, ce succès compte beaucoup », estime le député LREM Jean-Charles Larsonneur dans un rapport réalisé pour la commission de la Défense nationale. In fine, la part des industriels français s’élèvera à 1,29Md€ (HT), dont la moitié reviendra à Nexter, un quart pour Thales et 230M€ pour Arquus, qui fournira les chaînes cinématiques. Comme l’indique le député LREM Jacques Maire, rapporteur sur la question pour la commission des Affaires étrangères, « ces industriels s’estiment satisfaits des conditions financières négociées par la DGA en accord avec la partie belge ». De plus, ce contrat majeur permet à Arquus, mais également à une kyrielle de sous-traitants, de prendre pour la première fois fermement pied sur le sol belge.
 
Dépourvue d’intégrateurs de systèmes complets, la BITD belge devrait cependant largement tirer avantage du rapprochement à venir. Exit le système des offsets, banni par la Commission européenne, la Belgique a dès lors privilégié le principe des retours sociétaux. Autrement dit, pas de contractualisation entre États sur le sujet, mais plutôt des accords établis entre industriels français et belges. Principal bénéficiaire du programme, Nexter s’est ainsi engagé auprès de John Cockerill (ex-CMI Group), spécialiste des tourelles moyens et gros calibres. Le groupe de Seraing devrait récupérer l’assemblage final et le versionnage des Griffon, de même que l’assemblage final de la tourelle T-40 du Jaguar.
 
Arquus, quant à lui, « a accepté de confier la totalité de la charge des tourelleaux téléopérés à FN Herstal au titre des retours sociétaux exigés par la partie belge », précisait son PDG, Emmanuel Levacher, en février dernier. Des réflexions sont d’ailleurs déjà en cours au sein de l’industriel liégeois en vue de la régénération de la gamme de tourelleaux deFNder, dont le modèle « Medium » servirait de base commune pour les programmes CROSS et CaMo. Le tourelleau deFNder Medium serait ainsi refondu pour intégrer les derniers standards en matière d’optiques et de connectivité, de même – semble-t-il – qu’une ébauche d’intelligence artificielle. Ce marché, d’un montant de plusieurs dizaines de millions d’euros, « impliquera en outre de développer une interface garantissant l’interopérabilité des tourelleaux belges avec le système d’information et de communication Scorpion », rappelle Larsonneur.
 
Bien que n’étant pas directement concerné par ces retours sociétaux, Thales s’est néanmoins engagé sur des compensations indirectes concernant le MCO lié à CaMo ou pour d’autres programmes, telle que la version export de la radio CONTACT, rebaptisée Synapse. Ces retours seront concrétisés au travers de la filiale belge Thales Belgium, basée à Tubize.
 
Subsistera, enfin, la question de la répartition des rôles pour la production des munitions et le MCO, non compris dans le « premier » contrat CaMo. Comme annoncé par Nexter dès novembre 2018, sa filiale belge Mecar (Seneffe) devrait hériter d’une partie de la production des obus de 40 mm de l’EBRC Jaguar. Ce serait une première pour l’entreprise hainuyère, dont la gamme moyens calibres ne comprend aujourd’hui « que » les calibres 25 et 30 mm. Le retour sociétal pour toute la durée du programme serait dans ce cas estimé à plusieurs dizaines de millions d’euros. En misant sur l’ouverture du champ de coopération franco-belge, l’axe « munitions » pourrait par ailleurs soutenir un rapprochement modéré entre FN Herstal et Nexter grâce à une gamme « tout à fait complémentaire » de celle proposée en France, suggère Larsonneur. « L’ensemble pourrait former un contrepoids intéressant par rapport à d’importants groupes allemands, comme Rheinmetall », explique-t-il.
 
L’organisation du MCO reste quant à sujette à discussion entre la Composante Terre et la SIMMT. À l’heure actuelle, le volet maintenance du programme CaMo repose sur un rapprochement entre les Écoles du matériel de Bourges et le Centre de Compétence de la Formation Appui (CC Sp) de Tournai pour la partie belge. Selon le commandant de la Composante Terre, le général Marc Thys, trois scénarios sont envisageables: un « copier-coller » des dispositifs prévus pour d’autres pans de CaMo, un mode coopération ad hoc, ou des dispositifs nationaux distincts mais coordonnés. Une intégration totale serait particulièrement bénéfique pour la DGA et la SIMMT, chargées de contractualiser le MCO des matériels français. L’effet d’échelle provoqué par CaMo, de l’ordre de 30%, de même que la mutualisation du soutien en OPEX permettrait de réduire le poids structurel et, surtout, financier de la chaîne logistique française. De nombreux aspects, notamment l’équilibre à trouver entre industriels français et belges, doivent donc encore être consolidés et affinés.
 
Du schéma privilégié par les deux partenaires dépendra une éventuelle implication de l’industrie belge, à commencer par le principal intéressé, John Cockerill. Nexter s’est d’ores et déjà engagé à soutenir celui-ci dans ses futures démarches, notamment en fournissant les données et les formations nécessaires pour lui permettre de réaliser un MCO de niveau NTI2 en Belgique.
 

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