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2018, année charnière pour la Défense belge

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Aujourd’hui « tout est réuni pour assurer l’avenir de la Défense », s’est félicité le chef de la Défense belge (CHOD), le général Marc Compernol, dans une récente interview accordée au magazine dbriefing. Un message « résolument positif, mais pas naïf » qui lui aura permis de revenir sur deux chantiers cruciaux pour l’année 2018 : les équipements et le recrutement.
 

Le général Compernol le 25 janvier dernier lors de son discours de Nouvel An au Musée royal de l'Armée (Crédit photo: ministère de la Défense belge)

Le général Compernol le 25 janvier dernier lors de son discours de Nouvel An au Musée royal de l’Armée (Crédit photo: ministère de la Défense belge)


 
Matériel vieillissant et évolution démographique négative… la Vision Stratégique, dévoilée en juin 2016, entend renverser la trajectoire imposée par les réformes précédentes, qui « peuvent se résumer par un recours à des restrictions budgétaires », déplore le CHOD. La prochaine décennie aura donc pour but de résoudre l’équation suivante : « moderniser et investir afin d’assurer les missions clés mais également sauvegarder le core business tout en tenant compte de l’évolution démographique », ajoute le général Compernol.
 
Néanmoins, si ces plans sont matérialisés par la législature actuelle, les investissements consentis ne commenceront à être soldés qu’à partir de 2020, donc après les prochaines élections fédérales belges. La prudence reste donc de mise, car si la Vision Stratégique a depuis été traduite dans une loi de Programmation Militaire, cette dernière « reste inédite en Belgique » et peut tout à fait être modifiée par les prochains gouvernements. Malgré ces incertitudes, le CHOD, « tout en restant attentif », reste enthousiaste « grâce aux actions de l’actuel gouvernement afin de garantir l’exécution de la Vision Stratégique ».
 
En 2018, plus de 9,59Md€ de crédits d’engagements seront consacrés à « des dizaines de grands programmes majeurs », déclare le général Compernol. Dont plus d’1,8Md€ consacrés à une dizaine de projets de la composante Terre. Dernier exemple en date ? Un appel d’offres pour un nouvelle capacité Road Clearance Package (RCP) au profit du génie de combat opérationnel, lancé le 24 janvier via la plateforme européenne de marchés publics Ted. Deux RCP seront acquis d’ici 2021, pour un budget de 12M€. Sans oublier les 200 LTTV pour les SOF et, plus récemment, la trentaine de nouveaux combat recovery/protected recovery vehicles, dont l’appel d’offres devrait aboutir en mai 2018.
 
Mais le « gros morceau » de la composante Terre reste le projet CAMO (CApacité MOtorisée). Pendant belge du programme Scorpion, CAMO est non seulement appelé à renouveler les capacités motorisées de la Brigade médiane, mais également à modifier en profondeur sa doctrine, son entraînement et sa logistique. Il sera financé à hauteur de 1,1Md€ pour permettre, entre autres, l’achat de 60 EBRC Jaguar et 417 VBMR Griffon. Les discussions entre industriels et autorités, lancées en septembre 2017, sont aujourd’hui « en cours d’exécution », confirmait le ministre de la Défense Steven Vandeput le 17 janvier en Commission de la défense nationale. Ce dernier devrait transformer l’essai avec la signature d’un accord intergouvernemental prévu pour mi-2018. « Dès validation officielle, nos deux pays seront liés dans l’exécution du programme Scorpion et le vrai travail pourra commencer », ajoutait le général-major Marc Thys, chef de la Composante Terre dans la dernière édition du Belgian Army Magazine.
 
Reste à recruter les profils nécessaires pour employer et entretenir le futur matériel. Car pour le CHOD, « on ne construit pas une armée avec du matériel mais avec des soldats ». La moitié des effectifs de l’armée belge partant à la retraite d’ici 2025, « nous devions donc trouver une solution structurelle », précise-t-il. La stratégie adoptée est triple : augmenter l’externalisation pour se recentrer sur les tâches purement militaires, repousser l’âge de départ à la retraite de 56 à 63 ans et, forcément, recruter davantage.
 
Mais ce dernier point peine à se concrétiser, malgré des campagnes de communication bien ficelées et l’instauration du statut BDL* en 2014. Si la Défense s’efforce d’attirer les profils techniques (comme nous le révélions récemment), le statut BDL souffre quant à lui d’un manque d’attractivité. Celui-ci serait en effet « accompagné de grandes incertitudes quant à la longévité de la carrière projetée par le candidat à la Défense, ainsi que des possibilités de reconversion en fin de contrat », révélait la députée libérale Kattrin Jadin (MR) le 17 janvier en Commission de la défense nationale.
 
« Malheureusement (…) le système BDL est parfois trop simplement décrit comme un contrat de huit ans sans avenir », regrette de son côté le CHOD. Il est donc actuellement l’objet d’un avant-projet de loi destiné à répondre aux incertitudes soulevées par les candidats, parfois même par les soldats. Celui-ci devrait permettre au militaire BDL ayant presté un certain nombre d’années « bénéficier d’un programme de réorientation ou de reconversion professionnelle personnalisée, ce qui n’est pas le cas actuellement », a récemment confirmé Vandeput en Commission de la défense nationale.
 
L’année 2018 sera donc déterminante pour les forces armées belges. Entre réalisme et pragmatisme, le CHOD se veut surtout optimiste à l’égard des membres de la Défense. « Je souhaiterais que le personnel prenne conscience de ce qui est en marche : une amélioration des conditions de travail, du nouveau matériel, un recrutement massif avec un salaire attractif… », conclut-il.
 
 
 
*Adressé aux jeunes de moins de 26 ans, le statut BDL prévoit une carrière militaire d’une durée limitée (minimum 6 ans pour maximum 8 ans) avec une possibilité de prolongation pour certains. Les soldats peuvent ensuite continuer à travailler pour la Défense ou la quitter en bénéficiant de formations.

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